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  • Galway, 2050. Des années sont passées depuis la Grande Guerre opposant les êtres surnaturels de la région. Tous ont été découvert, tous ce sont battus pour le pouvoir et la liberté, jusqu’à ce qu’enfin, une paix fragile soit rétablie dans la ville. Tous se retrousse les manches pour reconstruire les quartiers et leurs habitations mais personne n’est dupe. Depuis l’arrivée des Sauveurs, ce groupuscule de croyants s’étant donné pour mission de décimer la population surnaturelle, les tensions sont d’autant plus forte. Personne n’ose leur résister de peur de ce qui pourrait se produire, même le Maire de la ville a bien du mal à faire face à ses nouveaux arrivants. Serez-vous pour ou contre leur révélation divine ? Que seriez-vous prêt à faire pour sauver votre cité ? Personne n’est à l’abri, personne ne sait ce qui va se passer. La tension monte. Serez-vous là pour prendre par à cette nouvelle ère ?

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    Neven E. Miller
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    Mer 6 Nov - 18:00
    La lumière de l’écran de mon téléphone me crame le fond de la rétine lorsque je l’allume. Un grognement mécontent sort du fond de mon torse. Je cligne des yeux et force pour essayer de distinguer l’heure qu’il est. A cette constatation, une seconde plainte filtre à travers mes lèvres sèches. Une heure du matin. Putain. Je n’ai pas la moindre idée du nombre d’heures que j’ai dormi. Mais j’ai l’impression que ça fait au moins un siècle. L’état dans lequel est mon corps me dit que je ne suis peut-être pas si loin de la vérité. Je soupire, balançant l’appareil quelque part dans les draps. Mes doigts glissent sur mon visage ensommeillé. Je me suis endormi dans le lit. J’essaye de ne pas trop y penser, alors que je me relève laborieusement, la gorge serrée. Mon regard court brièvement sur la pièce qui m’entoure. J’ignore le désordre ambiant, les fringues éparpillés, les canettes de bière et les cadavres de bouteille. Il n’est pas là. C’est tout ce qui me saute aux yeux. Mais ça je le savais déjà. Les restes de son odeur ont disparu. Ils ont quitté les draps du lit. Je me souviens l’avoir remarqué lorsque je me suis écroulé sur le matelas. Je n’ai toutefois pas eu la force de me hisser hors d'ici à ce moment-là.

    Ça fait cinq jours qu’Az a disparu. Je n’ai pas réussi a fermé l’œil les quatre premiers jours. J’ai dormi comme une masse le temps restant. Il n’a pas donné la moindre nouvelle. Pas le moindre message, pas le moindre appel. Il n’est pas revenu chercher d'autres affaires. Il n’est pas revenu se nourrir. Ou juste vérifier que je n’étais pas parti, moi aussi. Je le sais, parce que de tout ce temps je n’ai quitté ces murs que pour acheter de quoi fumer et de quoi me saouler. Je le sais aussi parce que, à chaque minute qui passe, la présence d’Az s’efface peu à peu. Le tabac froid a pris la place sur tout le reste. Un peu comme cette lourdeur froide et mortuaire qui s’est ancrée au creux de ma poitrine.

    Je sors de la chambre un peu maladroitement. En traversant le salon, mes yeux croisent les fleurs à l’agonie dans leur vase, sur la table de la cuisine. L’étau qui m’enserre s’accentue un peu plus. Faudrait que je me résolve à les jeter. Les pétales de roses brunâtres commencent à tomber partout. Mais c’est plutôt les souvenirs cuisants qu’elles me rappellent qui me dérangent et me mettent mal à l’aise. J’ai essayé de les mettre à la poubelle l’autre jour. Par pure rancœur, dans un moment où j’étais encore furieux qu’il ait déserté sans un regard en arrière. Une carte en est tombée. Un tout petit bout de carton blanc, caché entre les feuilles. J’ai trouvé mon nom écrit dessus. Cinq lettres, écrites à l’encre noire, dont la présence a pris une importance toute particulière. Elles étaient pour moi, ces fleurs. Mais comment j’étais supposé le savoir ? Personne ne m’a jamais offert de truc comme ça. Je me suis naturellement foutu de sa gueule lorsqu’il s’est pointé un soir avec son bouquet entre les mains. Je n’ai même pas cherché à comprendre ce qui lui était passé par la tête. Depuis quand mon colocataire de vampire prenait soin d’égailler son appartement à coup de pulsions florales ? Ouais, t’es un sacré con, Nev. Un sacré con aveugle.

    J’évite soigneusement de les regarder plus longtemps alors que je rentre dans la salle de bain sans m’attarder. Y’a tellement d’autres choses que je n’ai pas vu. Tellement d’autres choses qui ont pris tout leur sens ces derniers jours. J’ai eu le temps d’y réfléchir, de ruminer et de sentir le poison sournois de cette solitude pleine de questions m’assaillir tout entier. Maintenant j’essaye de ne plus y penser, tandis que je me déleste rapidement du peu de vêtements que je porte pour rentrer dans la douche. Mes doigts activent le robinet. L’eau jaillit sur ma peau nue sans que je ne m’inquiète de la température. Chaud ou froid, ça ne me fait plus rien. Je me fais l’effet d’une âme errante ; mes sentiments se sont endormis au sein d’une atonie résignée. La haine et la colère m’ont trop animé ces dernières heures. A présent, elles se sont éteintes. Epuisées, jusqu’à la dernière goutte.

    Ma main glisse à nouveau contre mes joues, puis dans mes cheveux trempés. Faut que ça s’arrête. Tout ça. J’en peux plus. Son absence me ronge de l’intérieur. Il me manque, cruellement. Beaucoup trop cruellement. Je devais le haïr pour ça, mais je n’y arrive plus. Faut juste que ça s’arrête.

    J’ignore d’où provient cette obstination nouvelle et désespérée qui a percé l’aigreur triste qui me tord le ventre. Mais j’essaye de ne pas trop y méditer. C’est mauvais, quand je réfléchis. Je me contente de m’y plier, jugeant que j’ai fais depuis longtemps le deuil d’une quelconque fierté que j’ai probablement dû avoir un jour.

    *
    **

    Aux vues de l’agitation nocturne, il ne doit pas être loin de deux heures trente du matin lorsque j’arrive à destination. Mon regard traîne sur l’établissement, essayant d’ignorer l’appréhension qui me pique l’estomac. J’aurais peut-être dû attendre de totalement décuver avant de sortir. Qu’importe. Le Fuse se dresse devant moi, fidèle à lui-même. Imperméable à tout ce qui a bien pu se passer à ses abords, aux parties de sexe comme aux actes plus funestes. Je jette mon mégot dans le caniveau. J’inspire un coup, brièvement, avant d’avancer vers l’entrée de la boîte de nuit. Je n’ai aucune idée d’où peut bien loger Az depuis une semaine. Je n’ai même pas voulu me pencher sur la question, certain d’avance que les réponses que je pourrais m’inventer me crèveraient encore plus le cœur. Mais s’il y a bien un dernier endroit où j’ai une chance de le trouver, c’est ici. Ici où tout a commencé.

    Il devrait être de service ce soir. Son congé est tombé il y a deux jours de ça. Hors de question de faire demi-tour. C’est ce que je me répète en boucle alors que l’ambiance du Fuse m’englobe en une seule bouchée. D’un coup, la chaleur de la masse humaine me tombe dessus. Il y a trop d’odeurs ici, bien trop. Ça sent la sueur, les désirs lascifs, la drogue et le désespoir. C’est la première fois que je retrouve cet endroit depuis que je suis mort. Je refrène l’animal sanguinaire qui s’agite au fond de moi, me concentrant sur le sang frais qui réchauffe le creux de mon estomac. J’ai pensé à me nourrir avant de quitter l’appartement. Retrouver Az signifie éviter de vider toute âme alcoolisée passant à proximité.

    Je me fonds dans la foule comme j’ai pu le faire une bonne centaine de fois. Cette nuit pourtant, alors que je marche droit vers le bar, ce n’est pas la même intention qui m’habite. Je n’ai pas l’intention de repartir complètement torché. Mais juste de guérir le trou béant qui saigne au fond de mon buste.

    Je crois intercepter son regard à l’instant même où je sors de la foule. Mon cœur loupe un battement. C’est douloureux, mais c’est rassurant également. Voilà un moment que je n’avais plus l’impression de le sentir frémir, là-dedans. Il est là. Juste là. Derrière ce bar. Ce foutu bar, qui se dresse une fois encore devant moi. Mon souffle s’agite alors que l’anxiété grimpe d’un coup dans mes veines. Je ne parviens pas à retrouver l’éclat céruléen de ses yeux. Juste à apercevoir sa silhouette de dos s’éloigner et disparaître comme une ombre.

    Mes dents se serrent. Je nage entre l’appréhension et le soulagement. Az vient de se barrer. Il m’évite comme la peste. Mais il est là. Putain. Quelque chose reprend vie au fond de moi. Je sens à nouveau le lien de sang qui me rattache à lui s’agiter fébrilement. Je soupire maladroitement pour relâcher la pression. Il ne peut pas aller bien loin. Il ne peut pas larguer son travail comme ça. Mes idées se remettent en ordre dans ma tête, muent d’une lucidité que je pensais définitivement perdue. Je tourne les talons pour ressortir du bâtiment. Az s’est enfui par la porte arrière. Il est sûrement en train de roder dans le coin.

    Je retrouve l’air de la nuit non sans un certain soulagement. Mes baskets avancent rapidement sur le trottoir. J’écarte stratégiquement les quelques filles ivres mortes qui me bloquent le passage. Il est là, pas loin. Tous mes instincts le ressentent. Une sévère détermination me guide jusqu’à lui, jusqu’à sa dernière planque.

    Je le débusque effectivement à l’arrière de la boîte de nuit. Mes yeux accrochent les contours sombres de son corps appuyé contre le mur dans l’obscurité. Le bout incandescent de sa cigarette trahir sa présence. Son parfum me parvient, et je suis rassuré de ne plus sentir celui de cet autre type avec qui il a passé la nuit. Je ne sais pas comment j’aurais réagi sinon. Je me glisse dans la ruelle avant d’avoir le temps de changer d’avis. Mon palpitant cogne lourdement dans ma cage thoracique alors que je réduis enfin à néant toute cette distance qui m’a rendu dingue en quelques jours.

    Je m’arrête néanmoins à sage distance. Il n’a aucune envie que je sois là. Ça émane de lui comme un grondement menaçant. Mon attention court rapidement sur les environs, sans chercher à faire le rapprochement avec cette nuit où il m’a mordu. J’en reviens à lui. A détailler son visage qui m’évite, et qui m’a beaucoup trop manqué pour que je continue de me voiler la face.

    - Tu n’as pas de feu je suppose.

    Mes épaules viennent s’appuyer sans bruit contre le mur d’en face. Mes doigts récupèrent une clope dans la poche de mon jean. Je la coince entre mes lèvres, l’allume d’un geste, et savoure enfin la saveur du tabac sur ma langue. Ça aussi je ne le ressentais plus. Je soupire silencieusement, me perdant un instant dans la fumée grisâtre, avant de planter résolument mes yeux vers les siens.

    - Faut que tu rentres, Az.
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    Mer 6 Nov - 18:02
    Minuit. C’est l’heure qu’indique mon portable lorsque je le check une énième fois. Il sera bientôt l’heure d’aller bosser. Même si je n’en ai pas la moindre envie, ce sera toujours mieux que de rester dans ma chambre d’hôtel minable à regarder la télé à la place de dormir. Je n’ai pratiquement pas fermé l’oeil depuis presque une semaine. Presque plus depuis que j’ai pris cette petite chambre après avoir fuit l’appartement de Marguerite qui m’avait gentiment ouvert sa porte il y a cinq jours de ça. J’avais claqué celle de mon appartement dans une colère noire pour aller me réfugier directement chez notre voisine, l’âme en peine. Ma colère s’était envolée à lorsqu’elle m’avait couvée de son regard bienveillant avant de s’écarter pour me laisser entrer. J’étais resté chez elle quelques heures, avant de reprendre mon service le soir même. Je lui avais tout expliqué, j’avais tout déballé sans même qu’elle n’ai à me forcer. J’avais besoin d’en parler à quelqu’un. J’avais besoin de vider mon sac et de laisser exploser la myriade de sentiments diverses qui me compressaient ce qui me servait de coeur. J’avais fini assis dans l’un des fauteuils de son salon, les coudes appuyés sur mes jambes alors qu’elle avait ramené du thé et des gâteaux. Elle m’avait écouté avec toute la patience dont elle pouvait faire preuve, me faisant parfois des remarques dignes d’une véritable mère. Elle m’avait fait réaliser mes tords, jusqu’à même me frapper la tête avec le pommeau de sa canne avant de me traiter d’idiot. Je n’avais pas pu m’empêcher de prêter une oreille attentive vers le mur reliant mon appartement au sien. Directement sur la chambre. J’essayais de savoir ce qu’il faisait, où est-ce qu’il était. Est-ce qu’il faisait les cent pas dans l’appartement ? Un bruit fracassant de verre avait résonné à un moment, faisant bondir mon ventre en un coup. L’imaginer détruire ce qui composait notre appartement me révulsait. Et en même temps, était-ce réellement étonnant après la bouteille qu’il m’avait lancée à la tête. Non, absolument pas.

    C’est seulement plusieurs heures plus tard que j’avais quitté la demeure pour prendre la direction du Fuse. J’avais à peine passé la porte que mon regard c’était égaré sur ma propre porte, j’avais hésité l’espace d’une fraction de seconde à la passer. A essayer de rattraper le coup. Mais non. Je ne bougeais pas. La fierté, le coeur en miettes, l’envie de lui faire payer ma souffrance, tout cela me fit serrer les dents avant de descendre les escaliers sans plus y penser.

    Et depuis, c’était ici que je dormais. Entre ses quatre murs au papier peint usé et au lit grinçant. J’avais mal partout, les quelques pauvres heures où j’arrivais à fermer l’oeil étaient gâchées par ma couche en elle-même. J’avais passé mon jour de congé à broyer du noir. J’avais été acheté de l’alcool, avait essayé d’oublier, avait pleurer comme un con en pensant à tout ce qui c’était passé ses dernières semaines. A quel point j’avais été idiot, à quel point j’avais tout gâché. Neven n’était pas le genre de gars à se poser avec quelqu’un. Avec moi d’autant plus. Et j’avais tenté de me persuader du contraire. Je lui faisais penser à son père. Je le traitais comme un gamin que je voulais garder pour moi seul. Je voulais l’éloigner du monde pour le protéger, pour être sûr qu’il serait toujours là, qu’il ne m’abandonnerait pas. Il était devenu mon monde sans même que je m’en sois rendu compte. Et je savais que je ne supporterais pas de le perdre pour de bon.

    Et maintenant ? Je continuais à fuir. Je continuais à attendre qu’un miracle se produise. J’attendais que la tempête passe pour.... Pour quoi au juste ? Je n’avais pas le courage de lui faire face à nouveau. Le méprit et la haine entremêlés dans ses prunelles m’avaient bien trop secoué pour que je tente quoi que ce soit. J’avais tenté cent fois de lui envoyer un message, de l’appeler, de faire quelque chose, mais je n’avais jamais réussi à appuyer sur la touche. Jamais. Et j’avais juste fini par boire pour oublier à quel point il pouvait me manquer. Atrocement. De ses sourires à la fraicheur de son épiderme contre le mien lorsqu’il s’endormait au creux de mes bras. Glisser mes doigts dans ses cheveux me manquait, tout comme son odeur envahissant mes sens pour mieux apaiser mon palpitant frappant contre mon torse. Ses baisers... Sa langue épousant la mienne. J’en devenait totalement dingue, de penser à lui comme ça. Il fallait que ça s’arrête.

    Enfin, je me glissais hors de mon lit avec difficulté pour rejoindre la salle de bain. Mes doigts écrasèrent mes paupières atrocement lourdes alors que je traversais la pièce. Une douche rapide, pour me le sortir de la tête et tenter d’émerger un peu. Une douche froide, pour m’aider à oublier une soirée de plus. J’enfilais mes fringues en vitesse, prenait mes clés et ma veste, en route pour le Fuse, une fois de plus.

    ***

    Mes gestes étaient automatiques et maladroits à cause de la fatigue habitant mes muscles. Heureusement, j’avais toujours mes réflexes, ce qui me permit de sauver quelques verres in-extrémis avant qu’ils n’aillent s’éclater à mes pieds, mais je n’en menait pas large. Je devais être le pire barman du monde ce soir. Je n’accordais aucun regard, aucun sourire, prenait les commandes et m’exécutais comme un robot avant d’encaisser l’argent glissé sur le bar. J’eu même quelques réflexions désagréables de collègues, mais je n’y prêtais aucune attention, bien trop las pour m’en inquiéter. Je faisais mon job. Très mal, mais je le faisais.

    Puis, c’est une odeur perdue parmi tant d’autres qui m’a fait sursauté. Je l’ai reconnu. Il était là. Quelque part dans la foule. Mais qu’est-ce qu’il foutait ici ? J’ai sentis mon rythme cardiaque s’accélérer en un coup alors qu’un pic d’énergie me foudroyait sur place. Mon regard le cherchait à travers toutes les têtes se pressant aux abords du bar avant de tomber dessus. Il était là, il était vraiment là. A quelques mètres à peine. Et c’était trop pour moi.

    Mon corps s’est déplacé jusqu’à un autre barman, ma bouche s’est perdue près de son oreille pour lui signaler ma pause. Je n’ai même pas attendu qu’il me réponde, j’ai fais le tour du bar pour récupérer ma veste et je suis sorti par la porte de derrière. J’ai accueilli le froid de la nuit comme une bouffée d’oxygène vorace. Il était là. Et je fuyais, tant que je le pouvais encore. Je tremblais en laissant mes pas frapper doucement le sol pour aller m’appuyer un peu plus loin contre le mur, me sortant une cigarette au passage. Je l’ai allumée à la hâte, ai tiré dessus comme si ma vie entière en dépendait. Putain Nev. Putain pourquoi t’es là ? Pourquoi je suis pas capable de te faire face ? Pourquoi est-ce que ça me fait tellement souffrir et me soulage en même temps ? Je ferme les yeux en reprenant une bouffée cancérigène. Tu fais chier Neven.

    Je me crispe un peu plus en sentant à nouveau son odeur flotter dans la ruelle, m’entourer de son nuage réconfortant. Evidemment, j’aurais dû me douter qu’il ne lâcherait pas l’affaire. Mon regard reste scotché au sol tandis que le bruit de ses pas réveillent un peu plus mon être. J’ose prendre une inspiration discrète en me mordant la lèvre. Putain, il m’a beaucoup trop manqué. Je n’ai même pas encore posé les yeux sur lui que mon coeur bat de plus en plus dans ma poitrine. Que faire ? Que dire ? J’en sais rien putain.

    Mais il n’approche pas trop. Assez pour rentrer dans mon champ de vision sans que je lève la tête, pas assez pour que je sente son souffle contre mon visage. J’ose pas lever les yeux. Je retrouve le mélange horrible de mes sentiments tumultueux dans mon ventre. C’est détestable. Détestable d’être encore tellement en colère contre lui et de vouloir à ce point tout oublier de ses derniers jours. C’est sa voix qui me sort brusquement de mon état léthargique. Un feu ? Il se fou de ma gueule en plus ? Je ne réponds rien, garde mon précieux silence gorgé d’ignorance en menant ma clope jusqu’à mes lèvres dans un geste habituel. Mon attention est entièrement tournée vers lui. Vers son aura, ce qu’il dégage, les pulsions de son sang dans ses veines, jusqu’aux battements de son coeur dans son torse. Il m’a manqué. Bordel.

    « Faut que tu rentres, Az. »

    Je ne réagis pas tout de suite. Il me fait presque rire avec sa phrase. C’est tout ? C’est vraiment tout ce qu’il peut me sortir ? J’essaie de garder mon calme, de tempérer l’animal insatisfait qui grogne dans mes entrailles. Et alors enfin, je relève les yeux vers lui, atterrissant droit dans ses iris qui me dévisage avec intensité. Je dégluti sans le vouloir.

    « Pour que tu me balances une autre bouteille à la gueule ? Non merci, j’ai donné. »

    Au final je me rend compte à quel point je suis déçu. Et en même temps, tu t’attendais à quoi Az ? A ce qu’il te saute dans les bras et t’avoue qu’il t’aime ? On est pas dans un putain de film, réveille toi espèce de gros con. Non, on est pas dans un film. Et pourtant je peux pas m’empêcher de me dire qu’il est gonflé. Il est juste venu me chercher parce qu’il se sentait seul à l’appart. Il allait faire comme si rien ne s’était passé. Comme si je n’avais jamais rien avoué. Peut-être qu’au final c’était mieux comme ça. Faire comme si. Faire comme si on était juste colocs et rien de plus. C’était sans doute le mieux, même si mon coeur était à l’agonie dans ma poitrine rien qu’à l’idée de tenter de reprendre notre vie comme si rien n’avait existé. Mais j’étais prêt à le faire, si c’était le seul moyen de le garder.
    Neven E. Miller
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    Mer 6 Nov - 18:02
    Sa voix perce l’épaisseur de l’obscurité après ce qui me paraît être une éternité. Ce son me fait tressaillir tout entier. Retrouver son timbre particulier accentue l’étrange tension qui sommeille dans mes membres. Mon soulagement de le retrouver soupire de plus bel. Mais il est bien vite balayé par l’appréhension du moment, par l’ironie de sa réponse, par la franchise brute de son regard qui percute le mien. Mon organe vital se presse dans mon torse. Je suis le premier à détourner les yeux, incapable de tenir cette confrontation. La rancœur qui perce dans ses mots s’imprègne en moi. Ça m’arrache un rire. Un léger éclat qui agite brièvement ma poitrine. Sans joie. Juste un sarcasme las et désabusé.

    - Alors c’est tout ce que tu as retenu de tout ça ? Une bouteille que je t’ai jeté au visage.

    Le semblant de sourire crispé qui est apparu sur mes lèvres s’efface aussitôt. Mon attention quitte les poubelles éventrées et malodorantes pour se reporter sur lui. Je lui jette un regard beaucoup trop sincère. Un regard chargé de toute la fatigue, physique et morale, accumulée depuis qu’il m’a laissé. De toute cette peine, de toute cette arrogance détruite et de tout ce manque mortifère et viscéral qui me rongent depuis son départ. Une foutue bouteille. Mais s’il savait. S’il savait combien d’autres j’en ai éclaté pour contrer le silence écrasant de son absence. Je déglutis à mon tour. Il y a tant de choses qui se pressent dans ma tête, et tant de choses qui me tiennent à distance dans l’aura hostile qu’il dégage. Je crève d’envie de rompre cette minuscule distance qui me sépare encore de son corps. Je crève d’envie de le toucher, d’effacer ce mélange de fureur et de tristesse qui déforme ses traits. Et d’un autre côté, le tranchant de sa réaction me pousse à ne pas approcher. A fuir même, à tourner les talons et à disparaître. C’est visiblement de ça, dont il a envie, lui. Alors je reste là, figé et déchiré entre deux instincts incompatibles et complètement contradictoires. Je sais que rien ne s’arrangera si je ne parviens pas à l’arracher de son mutisme. La glace s’épaissit et se solidifie entre lui et moi, à chaque seconde qui s’écoule dans cette ruelle humide. Je la sens se refermer peu à peu sur mon organe vital et l’enfermer durement dans une étreinte douloureuse. Il faut que ça s’arrête. Ce soir. Qu'importe l'issue. Qu’importe s’il reste sourd ou s’il se casse encore une fois. Il faut que ça sorte, il faut que tout ce merdier cesse de rebondir encore et encore contre les parois de mon crâne.

    - Il faut que tu rentres, parce que tu me manques. Je … J’y arrive pas sans toi, Az. C’est beaucoup trop dur.

    Les mots glissent et se succèdent sur mes lèvres, comme un éboulement incontrôlable. Je passe une main tremblante sur mon front, évitant à peine de me brûler avec la cigarette coincée entre mes doigts. L’émotion rend mes idées confuses. Est-ce qu’il faut que je le supplie ? Que je lui promette de ne plus vouloir sortir sans qu’il ne soit d’accord avec ça ? Que j’arrêterai de lui balancer des merdes au visage lorsqu’il reviendra enveloppé dans le parfum d’un inconnu ? Je ne sais même pas si j’en suis capable. Je ne sais pas si je pourrai supporter une chose pareille. Mais je peux essayer, si tout ça s’arrête. S’il revient à la maison. Je peux même tenter de ne plus claquer les portes, de ne plus laisser traîner mes affaires. N’importe quoi, je m’en fou. Je m’en fou, tant qu’il met fin à cette douleur sans fin qui me compresse de plus en plus le souffle.

    - S’il te plaît. Je …

    Ma bouche se scelle alors que mes yeux dérivent à nouveau vers l’extrémité de la petite rue. Il y a des mots beaucoup trop lourds en conséquence qui s’accumulent contre mes lèvres. Mais j’ai l’impression que c’est trop tard pour ça. Bien trop tard. Il n’y aura plus de retour en arrière lorsqu’ils jailliront. Je serai à découvert, sans plus la moindre défense. Et Az pourra se venger sans le moindre scrupule pour tout le tort que j’ai pu lui causer. Il pourra m’achever, d’un coup direct et impitoyable. En plein dans le cœur.
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    Mer 6 Nov - 18:03
    Il est le premier à rompre le contact visuel. L’intensité de son regard m’a manqué. Cruellement manqué. Tout comme les milliers de tâches de rousseur qui ornent sa peau, sa mâchoire parfaitement dessinée que j’ai déjà tant embrassé durant ses deux mois. Putain Nev, mais comment on en est arrivé là ? Sa réponse me fait l’effet d’une douche acide, brûlant ma peau sur son passage. Ouais, c’est tout ce que j’ai retenu, on dirait. Je me retiens de parler de son père, j’essaie de chasser cette horrible sensation de lui ressembler un tant soit peu. Je veux savoir si c’est vraiment ce qu’il pense ou bien si ce n’était que sous le coup de la colère qu’il m’a balancé une chose aussi cruelle. Je veux savoir et pourtant je me tais pour l’observer regarder la ruelle avant de moi-même baisser les yeux. J’en ai marre, de toute cette situation. Mes lèvres s’imprègnent à nouveau du goût du tabac avant que mon regard ne remonte vers lui. Le regard qu’il me lance à cet instant fait louper un battement à mon palpitant. Ses paroles résonnent dans ma tête. Je ne sais pas quoi en penser. Pas comment réagir. Ce manque dont il parle, j’ai besoin de savoir si c’est son instinct qui me réclame de part notre lien ou si il s’agit d’un sentiment plus humain. J’ai besoin de savoir ce que je suis pour lui. J’ai besoin d’arrêter de me torturer en ne sachant plus comment agir. Et puis il parle, encore, de sa voix essoufflée, faisant naitre à nouveau le même espoir au creux de mon ventre.

    « Tu... Quoi Neven ? »

    J’ai l’impression d’être sur le bord d’un énorme gouffre en prononçant mes mots, accroché à l’espoir qu’il me dise enfin ce que je rêve d’entendre. Mais... Il n’est pas prêt. Tout comme je n’étais pas prêt à lui quand il a brusquement déboulé dans ma vie. J’étais pas prêt à tomber amoureux, à me laisser envahir par des sentiments aussi puissants que ceux que je peux lui porter. Un soupire m’échappe. J’en peux plus. Mes pouces viennent se réfugier sur mes paupières lourdes, s’appuyant sur l’arrête de mon nez dans un signe ultime de fatigue. Que cela cesse à la fin. Je rends les armes.

    « Tu sais quoi ? Laisse tomber. Il... Il faut que je reprenne mon service. »

    Je relève la tête, croise à nouveau son regard alors que le mien déborde de toute la tristesse qui m’habite. Il a gagné. Je n’ai plus envie de me battre, même si ça signifie qu’il faut que je fasse taire mes sentiments. Je me forcerais. J’en était capable, juste pour le garder auprès de moi. A nouveau, je tirais sur les restes de ma clope avant de la jeter dans une flaque au sol, me décollant du mur pour rejoindre la porte par laquelle j’étais entré. Je me sentais à la fois ravagé par un néant absolu que formaient mes sentiments et soulagé de le retrouver, de me dire que dans quelques heures, je reviendrais à la maison et notre petit manège reprendrait. A plus tard Neven.
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    Mer 6 Nov - 18:04
    Ses yeux me scrutent. Je sens leur caresse dure et glaciale sur moi. Une anxiété nouvelle pétille sous la surface de ma peau. « Tu … Quoi Neven ? ». Je me crispe, n’arrivant décemment pas à soutenir l’intensité de son regard. C’est à moi de me fondre dans un mutisme étouffant. Ma clope vient à la rencontre de mes lèvres. Je tire dessus, gagnant un temps inutile. Un soupir anime Az de nouveau. Sa voix s’élève entre les murs étroits de la ruelle plongée dans la pénombre. Mes yeux se ferment brièvement, accusant le coup. Sa décision s’ancre dans mon crâne comme du poison. J’aimerais le laisser disparaître, prendre ses mots comme un choix définitif. Mais une agitation nouvelle foudroie mon palpitant à l’agonie. Je relève la tête vers lui et ce que je lis alors au fond de ses iris brise ce qui reste de ma confiance. L’air me manque. La peur me saisit la gorge alors que la panique prend subitement le dessus.

    - Attends …

    Ma supplique étranglée traverse à peine mes lèvres paralysées. Je crois que la nuit l’absorbe, avant même qu’elle ne parvienne jusqu’aux oreilles du principal intéressé. Il s’en va. Il fuit, encore une fois. Sa silhouette se détache du mur. Ses pas ne font pas le moindre bruit contre le pavé humide alors qu’il tourne les talons. Quelque chose est en train de mourir en moi à cette simple image. L’angoisse m’envahit. Elle brûle chaque fibre de mon être. Je ne réfléchis plus lorsque mon corps se meut soudain. Ma cigarette vole par terre. Je fonds derrière lui. Mes doigts se referment sur son coude alors que je n’ai toujours pas trouvé comment reprendre mon souffle. J’peux pas Az. J’suis incapable de te laisser partir sans rien faire.

    - Attends, je t’en prie. Tu peux pas t’en aller comme ça ! Tu … tu peux pas me balancer des choses comme ce que tu m’as dit l’autre soir pour te volatiliser ensuite. Merde, Az ! Tu te rends compte de ce que tu fais ? Bon sang … !

    Les émotions se bousculent de plus en plus violemment sous mon crâne. Le vent de panique qui hurle dans mon être attise la flamme aveugle qui les agite. J’ai des gestes nerveux et totalement incontrôlés pour appuyer mes paroles. Mes lèvres s’emmêlent, mes muscles se tendent, et mon organe vital se noie pour de bon dans mon torse. J’ignore par quel miracle ma voix ne s’est pas encore brisée. Par quel miracle elle parvient encore à s’exprimer.

    - Tu me jettes au visage que tu m’aimes, Az. Tu me le jette, comme ça ! Comme si ça valait rien ! Et j’ai à peine le temps de me rendre compte que, moi aussi, je t’aime, que tu te barres sans un regard en arrière. Tu me laisses tout seul comme un con, avec tes révélations de merde ! C’est … c’est dégueulasse ce que tu fais … !

    Mon timbre flanche enfin. Mes derniers mots meurent dans un souffle éraillé. J’inspire tant bien que mal pour chasser le nœud solidement coincé dans ma gorge. Mes yeux se ferment un instant. L’instant nécessaire pour retrouver un calme précaire. L’oxygène file à nouveau dans mes poumons. Mais je ne me sens pas vivant pour autant. C’est tout le contraire même. C’est sorti. C’est parti. Comme un pansement arraché par surprise. Lorsque je retrouve la vue pour croiser le regard du vampire, je sais que j’ai épuisé tous ce que j’avais en réserve pour essayer de le retenir. S’il décide tout de même de s’en aller, je n’aurais plus qu’à me résigner. A faire mes valises et à mettre les voiles.

    - Dis-le-moi si tu n’as définitivement plus envie de me voir. Dis-le juste. D’ici deux heures j’aurais débarrassé l’appartement.

    Mes yeux me brûlent. Je quitte subitement son visage pour leur préférer un point imaginaire au fond de la ruelle.

    - J’ai pas envie de te chasser de chez toi, Az. Je suis assez grand pour comprendre quand il faut que je dégage.
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    Mer 6 Nov - 18:05
    Il m’arrête avant même que j’ai pu atteindre la porte. J’ai un mouvement de recul faible pour me dégager de sa poigne tandis que mon regard le percute. Il m’explose au visage en quelques secondes. Ses mots défilent à tout allure alors que je reste stoïque, sentant mon coeur s’écraser un peu plus à chaque fois qu’ils frappent le silence. Un frisson désagréable remonte le long de mon échine alors que j’encaisse, restant la bouche ouverte comme un abruti en déglutissant. Et puis, c’est l’électrochoc. Ses trois petits mots qui filent dans l’air parmi tous les autres. Mon coeur explose dans ma poitrine, m’enrobe d’un sentiment incroyablement grisant en une fraction de seconde. Je me rends compte à quel point j’ai été con, à quel point j’ai merdé, à quel point je peux m’en vouloir d’avoir été aussi lâche. La suite me désarme, amenant de discrètes larmes dans mes yeux en réponse aux siens de plus en plus brillants. Putain, c’est trop con.

    Mes mains glissent brusquement jusqu’à son visage pour l’entourer alors que je fonds sur lui. Je ne résiste pas plus longtemps à l’envie dévorante qui me brûle le coeur. Mes lèvres échouent sur les siennes chargées de la myriade de sentiments bien trop puissants qui m’assiègent. Je retrouve le goût de sa bouche, soupire contre elles en me jurant de ne plus jamais tenter de les remplacer. Il m’a beaucoup trop manqué. Chaque fibre de mon être se détends à son simple contact. Je ne veux jamais le lâcher, ne plus jamais me défaire de son aura rassurante et indispensable. Je le veux plus que jamais. Je veux rentrer à la maison.

    Je ne relâche ses lèvres qu’à regret, par manque d’oxygène. Un sourire comblé s’étire sur mon visage alors que mon front rencontre le sien. Mes doigts remontent dans sa nuque, viennent se perdre dans ses cheveux noirs.

    « Tu en as mis du temps... »

    Je ne lui laisse pas le temps de la réplique pour reprendre mon baiser de plus belle. Je suis bien trop accro à lui, bien trop pour lui laisser le moindre répit. Je mordille ses lèvres, goûtes sa langue, regrette cruellement de devoir reprendre mon service, de ne pas pouvoir rester avec lui plus longtemps. Mes mains se glissent dans le creux de son dos pour le rapprocher encore, le serrer le plus possible tant mon être à besoin du sien. Ma bouche quitte la sienne pour se glisser sur sa mâchoire, embrasse sa barbe de quelques jours avec une envie dévorante. Putain Neven. Comment j’ai pu vouloir oublier ça dans les bras d’un autre ?

    « Tu as deux heures pour remettre l’appart en état. »

    Ma voix rauque se fond dans le creux de son oreille avant que je ne lui fasse à nouveau face. Je l’embrasse, encore, furtivement, glissant amoureusement mon nez contre le sien. Puis enfin, je me détache de lui, fait quelques maigres pas jusqu’à la porte. A tout à l’heure, my love.
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    Mer 6 Nov - 18:06
    Je ne comprends plus ce qu’il se passe. Je ne comprends plus rien. Plus rien du tout, alors que ses doigts volent brusquement entre nous. Que ses lèvres retrouvent leur place contre les miennes. Je sens nettement la glace se fissurer autour de nous. Elle craque, résiste, mais cède finalement devant la flamme vivante et inespéré qui renaît au fond de moi. Au fond de lui. J’ai la sensation d’avoir retenu ma respiration depuis une éternité. J’ai l’impression de retrouver une gigantesque bouffée d’oxygène alors qu’il m’embrasse d’une passion désespérée. Mon corps tressaille tout entier de retrouver son contact. Mon cœur bondit et s’échauffe d’une étrange chaleur dans ma poitrine. Bon sang, Az … Je soupire sans un bruit contre lui. Je suis soulagé, et épuisé. Mes bras répondent d’eux-mêmes à son étreinte. Je l’enferme contre moi. Je le serre de toutes mes forces. Je ne veux plus jamais le laisser partir. Plus jamais le laisser s’éloigner comme il l’a fait. C’est au-dessus de ce que je peux supporter.

    Il s’éloigne juste ce qu’il faut pour parler. J’ouvre la bouche pour reprendre mon air, mais mes yeux restent fermés. Une crainte fragile au fond de moi appréhende de briser l’instant, de le voir s’envoler dans le vent. Et pourtant le poids qui pesait contre mes épaules et emprisonnait mon buste s’est envolé. Je me sens complet, enfin. Sa voix murmure à mon oreille. La peau de ma nuque se hérisse, galvanisée de retrouver ce souffle si près d’elle. Je ne réponds rien. Je ne trouve rien à répondre. Seulement à presser mes lèvres contre la douceur des siennes lorsqu’il réitère son baiser. Ce contact m’avait tellement manqué.

    Tout en lui m’a tellement manqué, putain.

    Mon nez se faufile dans son cou lorsqu’il laisse sa bouche glisser contre ma mâchoire. Je respire à plein poumon. Je me gave de son odeur, de son odeur à lui. Juste à lui. Je m’accroche furieusement à son étreinte. Tout à l’air plus facile, là, contre lui. Plus rien ne semble pouvoir nous atteindre.

    Et pourtant sa chaleur finit par quitter la mienne. Mes doigts cherchent encore inconsciemment à retrouver les siens alors que ses yeux réapparaissent devant les miens. Mes paupières s’agitent, chassant le flou passager qui me brouille la vue. Az sourit. Un sourire faiblard et fatigué. Mais un sourire heureux. Ses paroles mettent un temps fou à trouver leur sens dans ma tête. Mon esprit peine à sortir de sa torpeur. Est-ce que … Est-ce que ça veut dire qu’il va revenir ? Qu’il ne me jette pas hors de sa vie ? Je cherche furtivement des réponses au fond du bleu de ses prunelles. Mais c’est le dernier baiser qu’il me vole qui semble éteindre mes questions, et reboucher définitivement le trou béant qui s’était creusé dans mon torse.

    - Eh ! Attends !

    Mes jambes se sont activées par réflexe dans son sillage. Az m’adresse un ultime coup d’œil depuis la porte arrière de la boîte de nuit. Je sais qu’il doit y retourner. Pourtant je ne peux m’empêcher de le retenir encore un peu. Le temps d’une poignée de secondes. De lancer les dernières choses qui me pressent le cœur. Je déglutis difficilement.

    - Refais plus jamais ça, Az. S’il te plaît.

    La détresse sous-jacente qui flotte à travers ma demande semble trouver écho en lui. Je crois qu’il sourit, ou qu’il acquiesce. J’en sais trop rien. Tout ce dont je suis certain, c’est de la porte qui se referme doucement dans son sillage. De la fraicheur de la nuit qui retombe délicatement sur mon échine. Et de cette sensation précieuse qui me chatouille le ventre. Tout ira bien maintenant.

    *
    **

    Deux heures, ça a été juste pour remettre l’appartement en ordre. J’ai effacé les traces de ma solitude et de mon mal-être. J’ai ramassé le verre brisé, les vêtements éparpillés, tout ce qui avait été déplacé et fracassé par mes élans de colère. Mais attendre une fois de plus entre ces murs vides et silencieux m’aurait rendu fou. Je n’ai pas résisté à cette envie pressante et timide au fond de mon estomac. J’ai fini par sortir, refermant doucement la porte derrière moi, pour repartir à travers les rues plongées dans la nuit. Mes pas m’ont porté une nouvelle fois vers le Fuse, guidés par une ivresse impatiente. J’ai l’impression d’être propulsé des années auparavant. J’ai l’impression de redevenir un sale ado aux baskets trouées, le cœur enhardi et enfiévré par les folies de son premier amour. Les derniers clients de la boîte de nuit traînent encore sur le trottoir, plongés dans un nuage de fumée de tabac. Leurs rires m’atteignent à peine. Mes yeux cherchent la seule silhouette qui m’intéresse. Je le repère finalement, sortant enfin du bâtiment.

    Il est là.

    Les battements de mon palpitant s’accélèrent. Je me glisse hors de l’ombre. Mes pieds s’activent pour rejoindre Az alors qu’il s’éloigne déjà de l’établissement. Mes bras se referment autour de son ventre lorsque je le rattrape. Mon buste se calque contre son dos. Je le serre contre moi alors que mon nez s’enfouit contre sa nuque et ses cheveux décoiffés. Le vent trouble et chaud qui m’envahit me laisse plongé dans une agréable confusion. Je souris contre lui, ravi de le retrouver. Pour de bon.

    - Comment tu savais pour l’état de l’appartement ? demandé-je d’une voix basse, sans chercher à cacher l’amusement discret de mes lèvres.
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    Mer 6 Nov - 18:09
    Deux heures. Sans doute les deux heures les plus longues de ma vie. J’ai le coeur léger, je ne rêve plus que de finir mon service au plus vite pour pouvoir enfin rentrer. J’ai le sourire aux lèvres, faible mais bien présent, mes dents martyrisant parfois distraitement mes lèvres alors que je me repasse en boucle les mots de mon amant. Il me l’a dit. Je ne l’ai pas rêvé. Pas cette fois. Et ce baiser, ce souffle de bonheur qui m’avait emporté à la seconde même où j’avais enfin retrouvé son contact, tout cela m’avait beaucoup trop manqué. J’en voulais encore, beaucoup plus. Je voulais rattraper le temps perdu, mes quelques jours d’absence imprévue pour mieux en profiter maintenant. J’avais hâte. Hâte de reprendre ma vie comme si rien ne c’était passé, comme si cette horrible dispute n’était déjà plus qu’un mauvais souvenir. Je voulais lui prouver tout mon amour, pouvoir enfin être libre d’agir avec lui comme mon coeur le réclamait. Je me sentais comme un ado, retrouvant l’exaltation du premier amour que j’avais pu connaitre. A mon âge, s’en était presque ridicule. J’essayais de ne pas penser à mes anciennes relations, de ne pas me parasiter l’esprit avec des pensées aussi néfastes pour ne me concentrer que sur le présent. Mon présent, avec lui. Juste lui.

    Enfin, il est temps de partir. Mon regard s’est a peiné accroché à l’heure affichée sur mon portable que je plie bagage, ignorant royalement la moquerie que m’envoie mon collègue sur mon changement de comportement. J’attrape ma veste, me précipite en direction de la sortie sous son rire amusé. J’allume ma clope par habitude en sortant de l’établissement, mes pas en automatique se déplaçant déjà en direction de mon hôtel pour aller y récupérer mon sac. Je n’ai pas le temps de faire trois pas que son odeur me tombe dessus, envahi mes narines juste avant de sentir des bras m’entourer. Mon coeur fait un bon dans ma poitrine, mon sourire s’étire sur mes lèvres. Il est là. Ma main libre se pose sur ses bras qui me serre contre lui, ma tête se tourne vers la sienne alors qu’il s’est déjà réfugié dans mon cou. Sa question m’arrache un rire amusé, juste avant que je ne me retourne pour lui faire face.

    « Oh je ne sais pas... Peut-être l’état déplorable dans lequel il était lors de ma dernière visite ? Ou bien peut-être le fait que tu sois un bordélique incroyable ? Non vraiment, je me le demande ! »

    J’appuie mes propos d’une mine réfléchie avant de rire à nouveau, lui accordant mon regard qui le dévore d’amour. Il n’avait pas besoin de savoir que j’avais passé quelques heures chez Marguerite pour mieux l’épier. Je n’attends pas plus pour laisser mes lèvres s’emparer des siennes, retrouver son contact que mon corps à tellement réclamé ses derniers temps. Mes yeux se ferment brièvement, le temps d’un baiser volé, laissant ma main libre retrouver la peau de son cou. Il était venu me chercher. Et cet acte, ce simple fait, gonflait mon coeur d’un délicieux plaisir. Depuis quand est-ce qu’il faisait ce genre de chose au juste ? Ca me faisait craquer. Beaucoup trop craquer.

    Enfin, je mis fin à notre baiser, le couvant de l’amour qui m’entourait de son aura.

    « Faut que je passe à mon hôtel pour récupérer mon sac. Tu m’accompagnes ? »
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    Mer 6 Nov - 18:09
    Une chaleur timide et agréable s’éveille dans le creux de mon ventre lorsqu’il se retourne et que je rencontre l’éclat de son regard. Une délicieuse excitation fébrile s’insinue dans mes veines, gagne mon cœur, et finit par pétiller dans ma tête. Je souris, en réponse à son rire qui rend électrostatique la surface entière de mon épiderme. La situation me paraît irréelle. Je suis peut-être encore en train de rêver, à moitié couché sur le canapé, complètement ivre-mort. Quand je me réveillerai, j’aurais tout oublié. Tous ces sentiments vivifiants et légers qui virevoltent dans mon estomac. Il ne restera que la gueule de bois. Az m’embrasse, et la manière qu’a ce simple geste de me transporter et de me réconforter me pousse à croire que c’est réel. Il va revenir pour de vrai. Et je l’aime. D’une sincérité qui ne m’était plus arrivé depuis longtemps.

    Mes doigts glissent de son dos jusqu’à ses hanches alors que ses lèvres gouttent les miennes. Je réponds longuement à son baiser, attirant son corps contre le mien d’une manière qui m’a beaucoup trop manquée. Je ne peux m’empêcher de repenser à la dernière dispute qui a éclaté entre lui et moi. A sa nuit passée loin de l’appartement. La perspective que d’autres mains se soient aventurées sur lui me noue la gorge. Une envie sourde et profonde me secoue tout entier. Celle de l’enfermer contre moi, et de ne plus jamais laisser quiconque l’approcher.

    Az rompt le contact, et sa voix chasse mes idées sombres. Aux étoiles qui scintillent dans le fond de ses yeux, je retrouve le sourire que j’avais perdu sans même m’en rendre compte.

    - Heureusement que tu n’es pas passé depuis alors …

    Le coin de mes lèvres se rehausse un peu plus avec malice et embarras. S’il avait voulu rentrer sans que je ne vienne le chercher, Az aurait probablement refait demi-tour sitôt la porte passée en ne reconnaissant pas son appartement. Je viens lui dérober un baiser furtif. Ses petites attentions de ce genre m’ont manqué, elles aussi. Elles qui me hérissaient au début. Ça a contribué à ma prise de conscience chaotique de ces derniers jours. Je le relâche complètement pour esquisser quelques pas sur le trottoir, dans la direction qu’il empruntait quelques instants plus tôt.

    - L’hôtel hein …

    Le doute pointe à nouveau dans ma voix. Mes sourcils se froncent légèrement alors que je l’interroge du regard. Une part de moi est soulagée de savoir qu’il n’est pas allé dormir directement chez le mec qu’il a sauté l’autre soir. L’autre reste suspecte, piquée dans sa curiosité malsaine, acculée dans une crainte jalouse. Il y a certaines questions que j’ai besoin de poser sur son absence. Certaines zones d’ombre à éclairer. Mes yeux dévient de son visage alors que nous nous mettons en marche, pour flotter sur le paysage urbain qui nous entoure.

    - Tu … Tu as couché avec combien de mecs depuis que tu es parti ?
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    Mer 6 Nov - 18:10
    Il m’entraine à sa suite, en direction de mon hôtel, sans même prendre le temps de me répondre. Il s’est tendu, imperceptiblement lorsque je lui ai posé la question. Mes sourcils se froncent légèrement sur mon front avant même qu’il ne déballe ce qui le ronge. C’est donc ça qui le tracasse. Je m’arrête, le retenant par la main en cherchant son regard du mien. Je me doutais qu’il la poserait, cette question. Parce que c’est ce que j’aurais fait aussi. Et si je ne regrettais pas la nuit passée avec cet inconnu, le regard de Neven me fit comprendre la douleur qu’elle avait engendrée. Je l’attirais près de moi, reprenait possession de son corps en laissant mes mains le parcourir, l’une d’elle se réfugiant jusqu’à son visage avec tendresse.

    « Aucun. Il n’y a que toi. Il n’y aura jamais plus que toi. »

    Ma bouche se fondit contre la sienne une nouvelle fois. Intensément, à la hauteur des sentiments que je lui portais, de la sincérité que je lui offrais. Je ne voulais personne d’autre que lui. Je n’avais besoin que de lui. Je voulais faire disparaitre la trace de mes conneries qui entachait son coeur, je voulais qu’il ne se torture plus avec ça, qu’il n’y pense même plus. Comment faire pour effacer sa peine ? Me pardonnerait-il seulement un jour ? Je voulais qu’il me croit, qu’il ne doute pas un seul instant de la puissance de mes sentiments.

    « Il n’y a que toi que je veux. Seulement toi. »

    J’avais chuchoter mes mots contre ses lèvres avant de les reprendre, de le serrer contre moi comme si il risquait de disparaitre à tout instant. J’essayais de faire taire la culpabilité qui m’enserrait la poitrine, mais c’était peine perdue.

    « Je suis désolé... Je suis tellement désolé d’être parti comme ça. Je... Pardonne moi. »

    Mes mots s’étaient plus qu’un souffle contre son visage, à peine audible alors que le regret avait cassé ma voix. Pardonne moi, d’avoir été aussi stupide. Pardonne moi d’être aussi con Nev. Un faible sourire s’agrandit timidement sur mes lèvres avant que je ne le sers avec force contre mon torse. Ma bouche échoua dans ses cheveux, les embrassait avec amour alors que mes doigts s’accrochaient à sa veste. Je me soulais de son odeur, m’en emplissais tout entier. Il m’avait tellement manqué. Bordel.

    J’embrassais sa tempe avant de me reprendre, lâchant un rire gêné et fatigué à la fois. Je voulais rentrer, me reposer, avec lui. Et ne plus jamais le lâcher. M’endormir au rythme de ses battements de coeur dans mes oreilles, savourer le contact de sa tête sur mon torse, retrouver l’odeur de clope froide de mon appartement, même si elle me faisait presque vomir. C’était notre chez nous. Rien qu’à nous. Alors, je me détachais de lui pour mieux reprendre ses doigts dans les miens, reprenant la direction de mon hôtel.
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    Mer 6 Nov - 18:11
    La chaleur d’Az m’enrobe à nouveau. La saveur de sa promesse m’imprègne peu à peu. Elle se grave au fond de moi, quelque part à côté de son serment de toujours m’accueillir chez lui. Je frémis, tandis que ses lèvres me prennent une nouvelle fois dans leur emprise. L’air me manque cruellement, d’une façon qui me comble pourtant. Je sais que ce ne sont pas des mensonges. Je sais que ce ne sont pas des mots en l’air. Az tient toujours sa parole. Je me fonds dans son étreinte alors qu’une certitude au goût nouveau, douce et irréelle, s’insinue en moi ; celle de ne plus jamais être laissé sur le bord de la route.

    « Il n’y a que toi que je veux. Seulement toi ».

    Mon cœur tressaute sous l’émotion que ses aveux suscitent. Mes doigts s’accrochent inconsciemment aux pans de sa veste. Il ne faut plus qu’il s’en aille. Je reste muet, incapable de répondre tant les sentiments qu’il éveille sous mon buste me submergent. Je n’ai pas besoin d’en savoir plus. Je m’en fou. Je m’en fou s’il est allé passer la nuit auprès d’un autre. Je m’en fou de ce qui s’est passé. Tout ce qui compte, c’est qu’il soit là. Maintenant. Et demain. Tout ce qui compte, c’est cette promesse qu’il vient de me faire sous les rayons éthérés de l’astre lunaire.

    - C’est bon Az … Toi aussi, pardonne-moi. Je sais que je ne suis pas facile à vivre.

    Je murmure contre sa peau alors qu’il me serre entre ses bras. Mes paupières se ferment de longues secondes pour chasser l’humidité grandissante dans mes yeux. A ce moment-là je comprends que jamais la situation n’aurait pu continuer ainsi. Jamais les choses n’auraient pu s’améliorer si Az s’était définitivement envolé. Il est gravé dans ma chair, et au-delà du lien de sang qui nous unit, je n’ai jamais eu besoin de quelqu’un autant que j’ai besoin de lui.

    C’est à regret que je le sens mettre fin à notre échange. Ses doigts se glissent contre les miens. Je croise brièvement son regard avant de laisser un sourire s'étirer doucement sur mon visage fatigué.

    - Dépêchons-nous de rentrer. T’as une sale tête
    , lancé-je avec une pointe d’amusement, sans égard pour mes propres cernes, probablement aussi monstrueuses que l’animal qui sommeille en moi.
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    Mer 6 Nov - 18:11
    Je ne réponds même pas à sa pique, me contentant de laisser mon sourire fatigué continuer à s’étirer sur mon visage. Ca m’a manqué. Ca et tout ce qui le caractérise, de prêt ou de loin. Mes doigts se serrent un peu plus sur les siens avant de me laisser guider par mes pas jusqu’à mon hôtel. Mon regard glissé sur les pavés, mon sourire ne démord plus de mes lèvres alors que je profite de l’instant présent. J’essaie de pleinement prendre conscience de la situation. Le simple fait de pouvoir me promener ainsi en rue, avec lui, avec tout le naturel du monde faisait naitre en moi un sentiment puissant de liberté. Etre nous, en se fichant royalement du reste du monde. Je chérissais ce sentiment comme jamais auparavant.

    Mon regard se releva sur la bâtisse devant nous alors que je le relâchais, ouvrant la porte de l’établissement pour l’inviter à entrer. Certaines habitudes d’un autre âge avait encore tendance à me coller à la peau. Et celle-ci en était une bonne preuve. J’entrais à sa suite, pressant mes pas jusqu’à l’étage tout en sortant ma clé. Je n’arrêtais ma course qu’une fois devant la porte. J’actionnais la clé dans la serrure, poussant la porte avant d’entrer dans la chambre. En voyant le bazar qui y régnait, je regrettais de ne pas avoir pensé à ranger. Les bouteilles, les clopes, les fringues, tout était étalé partout dans un joyeux bordel. On aurait dit la chambre de Neven.

    J’investi la pièce sans plus y penser. Je récupérais mes affaires éparpillées ici et là. La fatigue encombrant un peu mon esprit pensif. Je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser, à ses mots douloureux qu’il m’avait envoyé à propos de son père. Est-ce qu’il le pensait vraiment ? C’était stupide, mais ça m’angoissait terriblement. Est-ce que je ressemblais vraiment à cette personne qu’il haïssait tant ? Je dégluti, les yeux rivés sur mes fringues que je rangeais dans mon sac. Il fallait que ça sorte.

    « Est-ce que tu pensais ce que tu as dit à propos de ma ressemblance avec ton père ? »

    J’avais perdu mon sourire, une angoisse sourde tournait dans mon ventre. Mon regard se releva à sa rencontre, tentant de capter son regard en attendant ma réponse. J’avais arrêté mes gestes alors que j’essayais vainement de cacher ma peine. Je me retrouvait incapable de soutenir son regard plus longtemps.

    « Parce que, si c’est le cas. Je suis désolé. »

    Je soupirais en passant une main sur mon visage tiré, la faisant s’échouer dans mes cheveux pour mieux reprendre.

    « Je sais que je peux être très... protecteur, avec les gens que j’aime. Je ne m’en rend pas compte. C’est juste... » 

    A nouveau, mes yeux se relevèrent à sa rencontre, cette fois avec toute la sincérité qui m’habitait.

    « N’hésite pas à me dire quand c’est trop, d’accord ? »
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    Mer 6 Nov - 18:12
    Je ne fais pas de commentaire sur l’état de la chambre d’hôtel. Az peut bien me chambrer avec ma capacité hors norme à laisser le désordre s’installer. L’état de cette pièce me restera longtemps en mémoire, et je ne manquerai pas de la lui rappeler dès lors qu’il me fera la moindre petite remarque. Mes baskets s’avancent presque avec précaution sur la vieille moquette, un léger sourire narquois aux coins des lèvres. C’est plus fort que moi, mais je prends le temps d’humer l’air. Je n’y décèle rien qui m’aurait déchiré le cœur. Seulement le parfum d’Az, une légère odeur de tabac froid et celles des produits ménagers de l’établissement. C’est complètement con mais je suis soulagé de ne pas trouver celle de l’homme qu’il portait sur lui lorsqu’il est rentré à l’appartement cinq jours plus tôt. Ni celle d’aucun autre.

    J’attrape la petite poubelle posée dans un coin pour l’aider plus ou moins à débarrasser les bouteilles et autres déchets qui traînent un peu partout sur les meubles. Sa question me fige brusquement alors que mes doigts se referment sur une bouteille de bière vide. Az s’explique maladroitement. Ses excuses compressent quelque chose au fond de moi. Je serre les dents alors que mes yeux s’attardent un peu trop longuement sur l’objet entre mes mains. La tension profonde du vampire est palpable. Je me tourne enfin vers lui. Je balance la cannette de verre dans la poubelle avant de l’abandonner sur la table. Un soupir quitte mes lèvres.

    - Bien sûr que non Az.

    J’évite son regard un instant, regrettant amèrement les mots cruels que j’ai pu lui jeter sans réfléchir. Les échos de notre dispute traînent encore en arrière fond sous mon crâne alors que je me laisse tomber assis sur le lit défait. Je me souviens du sentiment qui m’animait à ce moment-là. L’animal qui grondait en moi était furieux. Tout ce que je voulais, c’était attaquer. Le blesser pour contrer sa protection maladive et inquiète. Tout compte fait Az avait plus ou moins raison. Finalement, je ne sais pas vraiment me tenir.

    - Mon père était un sacré connard. Sa tendance à étouffer les gens, ce n’était pas par bienveillance. Si tu lui avais ressemblé ne serait-ce qu’un peu, jamais je ne serais resté. Tu peux en être certain, Az.

    Mes yeux trouvent les siens. La culpabilité me pince le ventre lorsque j’y lis tout le trouble que ces paroles lancées en l’air ont pu provoquer chez lui. Jamais je n’aurais pensé qu’une attaque de ce genre aurait autant d’emprise sur lui.

    - Écoute …

    Je me remets sur pieds pour briser l’espace qui me sépare de lui. Mon corps vient trouver sa place contre le sien alors que je passe un bras dans son dos. Je l’étreins doucement tandis que mon nez glisse le long de sa mâchoire dans un geste tendre, puis dans son cou.

    - Je t’ai dis de sales trucs, que je ne pensais pas. Je suis désolé pour ça.

    Mes lèvres chatouillent un instant la peau fine et froide de sa gorge, avant d’y déposer un baiser. Je m’apaise brièvement dans les effluves particulières qu’il dégage. Un sourire vient finalement prendre place sur mes joues, et chasser définitivement le malaise de nos querelles passées.

    - Mais puisque j’ai ton aval maintenant … Je n’hésiterais pas à te le dire, lorsque tu deviendras trop casse-pied.
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    Mer 6 Nov - 18:12
    Un soupir s’échappe de mes lèvres lorsqu’il m’assure que rien de ce qu’il m’a dit lors de notre dispute n’était réel. Un puissant sentiment de soulagement me traverse en un instant, alors qu’il va prendre place sur le lit. Mon regard le suit, l’observe alors qu’il me parle de son père avant que ses prunelles ne s’invitent dans les miennes. Je voulais le croire. Vraiment. Encore plus avec le regard qu’il me lançait. Mais je ne pouvais m’empêcher de me remémorer tous ses petits moments où j’avais pu l’étouffer, les regards désapprobateurs, les mises en garde, toutes ses petites choses que j’avais pu lui imposer sans même m’en rendre compte. Et tout ça, en si peu de temps. Ca avait été beaucoup trop rapide, cette proximité, alors que nous ne nous connaissions même pas. Et au final, j’avais joué les papas poules comme avec mes filles. Je soupirais à nouveau à cette constatation, mes doigts venant pincer l’arrête de mon nez sur la fraction de seconde pendant laquelle je fermais les yeux. Putain, je ne me serais jamais supporté moi-même.

    Mon corps tressaille lorsque je prend conscience de son rapprochement. Son odeur m’enrobe en même temps que son bras qui m’enlace pour mieux me ramener à lui. Mes yeux se rouvrent brusquement avant que je ne m’apaise enfin. Je frissonne au contact de son nez retrouvant sa place contre ma mâchoire, puis dans mon cou. Putain, qu’est-ce que ça m’a manqué. J’ai l’impression d’être un vieux toxicomane devenu incapable de se passer de sa dose, même une seule seconde. Ces mots à mon oreille on raison du peu de néant noirâtre qui trainait encore dans ma tête. Je le crois. Mes mains trouvent place sur son corps, l’enlace avec tendresse et soulagement, dispersant toute tension dans l’air. Un léger sourire réponds au sien alors que nos regards se croisent à nouveau, s’étirant doucement sur mes lèvres à sa réplique.

    « Je n’en doute pas une seule seconde. »

    Ma main perdue dans sa nuque le force à approcher, à réduire à néant le peu d’espace entre nous pour mieux fondre sur ses lèvres. Mes doigts se perdent brièvement dans la naissance de ses cheveux, s’égare sur sa joue avant de finir sa couse le long de sa mâchoire. Je ne peux pas m’empêcher de lui sourire, heureux que toute cette dispute soit enfin derrière nous.

    « Dépêchons-nous. J’ai hâte de rentrer. »

    Mes lèvres échouèrent brièvement sur son front avant que je ne me détache de lui pour reprendre ma tâche initiale. Ranger mes vêtements dans mon sac. Une fois fait, je débarrassais le reste du désordre, allait jeter les poubelles dans le panier à cet effet puis m’emparait enfin de mon sac que je glissais sur mon dos. Un dernier coup d’oeil à la chambre avant de claquer la porte sur nous, mes doigts glissaient à la rencontre des siens à nouveau en arpentant le couloir de l’hôtel dans le sens inverse.
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    Mer 6 Nov - 18:13
    Le soulagement qui s'abat sur moi lorsque nous quittons l'hôtel me fait prendre conscience de la tension sous-jacente qui grondait subtilement sous ma peau. Mes yeux s'attardent un dernier instant sur la bâtisse, sombre et austère, plongée dans l'obscurité de la nuit. Savoir qu'Az est venu s'y réfugier pour mieux fuir l'appartement me fait haïr ce bâtiment. Je ne veux plus y refoutre les pieds. Et je ne veux plus qu'il y retourne non plus. Cette dispute s'est avérée bien trop éprouvante pour que je veuille retenter l'expérience.

    Je ne tarde pas à calquer mes pas dans le sillage du vampire, tournant définitivement le dos à l'hôtel. La ville s'éveille peu à peu, au même titre que le soleil qui menace doucement de percer l'épaisseur noire de l'horizon. Par chance l'immeuble de l'appartement n'est pas bien loin. Sa silhouette se dessine à peine à l'autre bout de la rue que je sens déjà le poids de la fatigue se rappeler à mes bons souvenirs. Maintenant que j'ai ramené Az à la maison, mon corps semble enclin à dormir pour les deux siècles à venir. Toute l'angoisse des derniers jours s'en est allée, pour ne plus laisser derrière elle que les traces d'un éreintement considérable.

    Je sens malgré tout mon cœur s'accélérer sensiblement contre ma poitrine lorsque nous passons la porte principale. Je compte inconsciemment le nombre de marches, et chaque pas qui nous sépare encore de l'appartement. Plus que quelques uns, et tout sera enfin rentré dans l'ordre … Le claquement discret d'une clenche fermée me fait me retourner alors que nous traversons le couloir. Mon attention s'attarde sur l'entrée de la voisine. La porte est close, et pourtant, je jurerais qu'elle vient de jeter un petit coup d’œil à l'extérieur. Comme pour s'assurer que nous sommes bien de retour. Tous les deux.

    - Tu …

    Mais Az a déjà disparu à l'intérieur, dans un bruissement de clés. Non, de toute évidence, il n'a pas entendu. Et j'ai probablement rêvé. Peu importe. Je l'imite et referme la porte derrière moi. Mon regard s'attarde sur lui, en train de s'éloigner dans le salon comme si les cinq derniers jours n'avaient jamais existé. J'ai un sourire un peu con, mais je suis beaucoup trop claqué pour penser à effacer ça de mon visage. Mes narines savourent brièvement la satiété de retrouver son odeur flotter entre les murs. Je balance mes chaussures dans un coin et me déleste rapidement de ma veste. Je traverse l'appartement pour retrouver le vampire étalé en travers du lit. Cette nuit s'annonce particulièrement sage ; Az semble avoir besoin de dormir tout autant que moi. A ce constat, je ne peux lutter contre le sourire amusé qui étire à nouveau mes joues mal rasées. Dans d'autres circonstances, j'aurais parié sur une toute une forme de réconciliation. Mais non, pas cette fois. Cette fois, les choses sont différentes. Je passe une main sur mon visage aux paupières lourdes en m'avançant dans la pièce. Mon tshirt passe au-dessus de ma tête avant que je ne l'envoie en boule sur le fauteuil. Et puis, quelque chose m'arrête alors que je veux retirer mon jeans. Je me laisse tomber assis sur le matelas.

    - Me dis pas que tu dors déjà.

    Je pousse gentiment son épaule pour le taquiner. Il ne faut pas qu'Az s'endorme. Pas tout de suite.

    - J'avais … trouvé ça pour toi.

    Mes doigts glissent dans le fond de ma poche pour en sortir un petit tissu bleu nuit plié sur lui-même. J'essaye d'ignorer la pointe d'embarras qui se réveille au creux de mon ventre. Je lui tends le petit paquet sans avoir trop le temps d'y réfléchir alors que mes yeux rejoignent les siens.

    - C'est garanti sans argent cette fois. J'ai vérifié.

    J'ai un sourire un peu maladroit en me remémorant cet instant particulièrement gênant où Az a voulu se saisir du collier que je lui ai offert pour son anniversaire. C'est presque le même. Avec un pendentif en plus. Et j'espère vraiment que ça ira cette fois, parce que je n'ai vraiment plus un rond pour rattraper mes conneries.
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    Mer 6 Nov - 18:13
    Enfin, nos pas nous ramènent jusqu’à l’appartement. Mon regard se fait presque nostalgique en rencontrant la bâtisse devant moi. Enfin, toute cette histoire est derrière nous. Enfin, ma vie, notre vie, va pouvoir reprendre son court comme avant. Enfin, presque. Mes prunelles le couvent un bref instant alors que nous passons la porte du bâtiment. Je souris, un sourire bref et fatigué mais un sourire tellement sincère qu’il me donne à nouveau envie de l’embrasser. Presque.

    Je passe devant, franchis les escaliers en laissant mon esprit se perdre un peu plus à chaque marche. Je rêve de m’allonger dans notre lit comme une masse et de ne me relever que dans quelques siècles. La fatigue tire mes traits, empêche mon sourire de s’égarer plus longtemps sur mon visage. Enfin, j’entrevois la porte, me précipite presque à sa rencontre pour mieux la déverrouiller et entrer sans attendre. Mon sourire réapparait lorsque je rentre enfin dans l’appartement. Son odeur m’entoure, me submerge alors que je découvre que tout est rangé. Pas parfaitement, mais l’effort y est. La vision m’apaise complètement, abat mes dernières résistances au sommeil alors que mon sac touche le plancher du salon lorsque je l’y dépose. Direction la chambre, après avoir balancé ma veste dans le canapé. En quelques secondes à peine, je me jette dans notre couche, en travers, soupirant de bien être à l’instant même où ma tête s’enfonce dans mon oreiller. Lui aussi, il porte son odeur. Ca me fait sourire, me fait serrer un peu plus ma prise sur lui. Dans quelques minutes, je serais déjà endormi. Tant pis pour mes fringues et le reste. Je veux juste dormir. Avec lui.

    J’ai déjà fermé les yeux lorsque ça voit m’appelle. Mes paupières sont affreusement lourdes, je peine à les ouvrir, ne serait-ce qu’un peu, pour tenter de comprendre ce que me veut Neven. Je grogne sous sa taquinerie, ouvre enfin un oeil, zieutant ce qu’il me tend. Mon intérêt s’éveille sous la surprise. Garanti sans argent ? Je me relève péniblement sur un coude, découvrant le tissu bleu qu’il me tend. Quelle folie avait-il encore fait ? Mes doigts accrochèrent le bout de tissu, le dépliant avec délicatesse en laissant mon regard se marier au sien avant de se glisser sur l’objet entre mes doigts. Mon palpitant reprit furieusement du service dans ma poitrine. C’était la même chaine que celle qu’il m’avait offert le jour de mon non-anniversaire. La même, en version argent. Mais pas que. Si la chaine était radieuse, c’est le pendentif qui chahuta mon coeur beaucoup trop fortement à mon goût. Un cadenas. C’était un cadenas gravé de cette fameuse date, celle qu’il avait choisi pour moi. Celle qu’il tenait absolument à fêter. A nouveau, mes lèvres s’étirèrent en un fin sourire. J’étais comblé. Réellement comblé. Un fort sentiment d’amour me fusilla de la tête aux pieds. Qui eu cru que Nev était ce genre de gars ? Mes prunelles quittèrent enfin le bijou pour revenir sur lui, croisant à nouveau son regard empli de gêne. Mon dieu, qu’il était adorable en cet instant.

    Je prenais de l’élan pour me glisser jusqu’à lui, emprisonner ses lèvres sans attendre une seconde de plus. Ma main libre se faufila jusqu’à sa nuque pour qu’il approche, l’entrainant dans le lit sans lui demander son avis pour mieux le surplomber ensuite. Je ne me séparait de ses lippes que par manque cruel de souffle. Il n’y avait pas de mots assez fort pour exprimer ce que je pouvais ressentir à cet instant. En revanche, mes gestes étaient révélateur de la multitude de sentiments qui me submergeaient. Comment avais-je pu imaginer me passer de ça ? Je me le demandais encore en rencontrant son regard brillant de fatigue.

    « Tu veux bien me le mettre ? »

    Je chuchotais mes mots comme si il s’agissait d’un secret inviolable. Comme si le fait de parler normalement pouvait réduire en miettes ce moment précieux. Putain, je t’aime tellement Neven.
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    Mer 6 Nov - 18:14
    Ses lèvres qui viennent se lover contre les miennes me laissent penser que le présent lui plaît. Il n’y a pas d’éclat de rire cette fois, pas de déclaration embarrassante. Rien qui ne vienne détruire l’effet que j’avais prévu. Mon cadeau d’anniversaire semble enfin réussi.

    J’ai bien failli le jeter pourtant. Le balancer aux ordures ou dans un caniveau. Ça m’a traversé l’esprit ces derniers jours, lors d’un excès de rage. Je me souviens m’être dit que ça ne servait à rien. Que c’était complètement con. Que j’avais dépensé mon fric sans raison, pour un mec qui s’était volatilisé. Je crois que j’avais été plus en colère après moi-même qu’envers Az, à ce moment-là. Et pour une raison inconnue, je ne l’ai pas fait. Je n’ai pas eu le cran de m’en séparer.

    Le frisson incontrôlable que sa bouche me provoque gomme les souvenirs amers de mon esprit. Je me fonds dans cette sensation étourdissante, pour mieux me laisser tirer en travers du lit par les mains possessives de mon vampire. Le matelas m’accueille avec bonheur. Un sourire s’étire sur mes joues alors qu’Az continue de m’embrasser. Mes lèvres lui répondent doucement, prises par l’agréable fatigue qui m’envahit peu à peu, de plus en plus. Mes mains se lèvent presque inconsciemment pour l’enlacer, mais elles n’ont pas le temps de l’atteindre. Il se redresse. Ses yeux plongent dans les miens et le souffle de sa voix effleure mon visage. Mon organe vital bondit furieusement dans ma poitrine. Je reprends mon air, me rendant seulement compte que j’en manquais. Je souris enfin, de nouveau, galvanisé par sa demande, avant de me redresser quelque peu.

    - Oui, bien sûr.

    Ma voix est quelque peu enrouée lorsque je prends la parole pour lui répondre. J’ignore à quoi c’est dû. Si c’est lié à la préciosité du moment, à son timbre bas et ses yeux pétillants d’étoiles. Si c’est lié à l’appréhension de l’instant, malgré le soulagement de constater que le collier lui plaît. Ou si c’est lié à la force de cette vision, de mes doigts attrapant la chaîne et la refermant autour de son cou, avec toute la signification que le pendentif dégage. Mes yeux s’attardent sur le cadenas, puis retrouvent la profondeur de son regard. Nous nous observons en silence un instant. Ma paume s’insinue finalement dans ses cheveux défaits. Je me redresse encore et l’embrasse d’une délicate ferveur, scellant pour de bon cette promesse muette qui a pris vie lorsque le fermoir est retombé contre sa nuque. Je la sens m’étreindre tendrement, au même rythme que les battements fébriles de mon cœur contre mon torse. Le sentiment est étrange. Déstabilisant. Mais je n’y prends pas garde. Après tout, il y a toute l’éternité pour s’y habituer.
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