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  • Galway, 2050. Des années sont passées depuis la Grande Guerre opposant les êtres surnaturels de la région. Tous ont été découvert, tous ce sont battus pour le pouvoir et la liberté, jusqu’à ce qu’enfin, une paix fragile soit rétablie dans la ville. Tous se retrousse les manches pour reconstruire les quartiers et leurs habitations mais personne n’est dupe. Depuis l’arrivée des Sauveurs, ce groupuscule de croyants s’étant donné pour mission de décimer la population surnaturelle, les tensions sont d’autant plus forte. Personne n’ose leur résister de peur de ce qui pourrait se produire, même le Maire de la ville a bien du mal à faire face à ses nouveaux arrivants. Serez-vous pour ou contre leur révélation divine ? Que seriez-vous prêt à faire pour sauver votre cité ? Personne n’est à l’abri, personne ne sait ce qui va se passer. La tension monte. Serez-vous là pour prendre par à cette nouvelle ère ?

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    Neven E. Miller
    Neven E. Miller
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    Le goût de la vengeance ♦ Azeven Empty Le goût de la vengeance ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 13:38



    Il n’est pas loin de minuit lorsque l’odeur me saisit brutalement le nez. Mes jambes s’arrêtent, comme bloquées par un mur invisible. Mon corps entier se tend. Je retiens ma respiration, crispé à l’idée d’inhaler à nouveau l’effluve toute particulière qui flotte dans la rue. L’écho d’une paire de voix s’éloigne dans le sens opposé sur le trottoir d’en face. Je tressaille. C’est arrivé subitement, sans que je ne cherche à le provoquer. Et j’ai beau y opposer toute ma volonté, l’odeur me ramène de force presque un mois plus tôt, dans une ruelle dégueulasse, empestant l’urine et les détritus. Pendant un instant, je revois les sales gueules de ces deux types à peine dissimulées dans la pénombre. Leurs ricanements fusent dans mes oreilles. J’entends également la musique assourdie de la boîte de nuit juste à côté. Je me remémore sans le vouloir l’éclat mauvais dans leur regard, le bruit du nez cassé du premier gars lorsque je l’ai frappé, les mains sournoises de l’autre qui me propulsent contre une poubelle. Je me retrouve à nouveau coincé là-bas, dans ce petit cul-de-sac puant la merde. Les souvenirs de la douleur me saisissent. Les coups pleuvent. Le goût du sang. Toujours plus présent. Rouge comme la mort.

    Un frémissement m’ébranle au plus profond de ma chair. Mais ce n’est pas une crainte instinctive. C’est un grondement animal, une étincelle vengeresse qui s’éveille. Je ferme les yeux, déjà persuadé que je vais regretter ce que je m’apprête à faire. Mais je n’arrive pas à résister à cette envie furieuse et pressante qui gratte contre mes entrailles. Je reprends mon souffle. Ça ne dure qu’une infime seconde. Une simple seconde, largement suffisante pour gaver mon odorat de l’odeur interdite qui traîne encore dans les airs. Je la reconnais. Ce parfum appartient à l’un des deux fils de pute qui m’ont tué.

    Une force engourdissante et bestiale m’envahit d’un souffle. Je sens clairement le vampire prendre le dessus. Et la douce promesse qu’il murmure au fond de mon ventre est bien trop alléchante pour que je puisse résister. Lorsque je rouvre les yeux, le monde est sensiblement différent. Ma vision est plus claire et plus précise. Mon ouïe perçoit le moindre bruissement de la rue. J’entends le grattement affamé d’un chat errant contre une poubelle éventrée non loin de là, la dispute enflammée d’un couple dans l’immeuble devant lequel je suis planté, les vrombissements provocants qu’un scooter qui trouble la nuit quelques avenues au-dessus. Mes capacités contrenatures se déploient, d’une puissance bien trop grisante pour être effrayante. Je me retourne subitement, ignorant sciemment les bruits citadins pour retrouver les voix humaines qui s’éloignent peu à peu derrière l’angle de la rue. Mes jambes s’animent pour les rattraper silencieusement. Au même instant, une fièvre mauvaise et délicieuse s’allume au fond de moi. La sensation me gagne tout entier et guide bientôt le moindre de mes gestes. C’est l’instinct de chasse, comme je ne l’avais jamais éprouvé jusqu’alors.

    Mon ombre se glisse sans bruit entre les voitures stationnées le long de la chaussée. Je remonte l’artère, suivant la piste odorante laissée par ma proie. Je le rattrape rapidement, cet enfoiré qui poursuit sa vie minable sans égard pour le sang qui tâche ses mains. Il y a quelqu’un avec lui. Le parfum féminin qui me parvient me trouble et m’empêche de le rejoindre tout de suite. A la place, je me fonds dans l’obscurité pour mieux les suivre à distance. Au vue de la façon dont il a placé son bras en travers des épaules de la fille et dont il lui souffle des mots salaces à l’oreille, il a vraisemblablement envie de la sauter. Et d’après les rires insupportables de la demoiselle, elle semble tout à fait consentante. Dommage que je n’ai pas le moindre scrupule à venir foutre en l’air leur joyeuse fête à venir.

    Mes baskets s’arrêtent lorsqu’ils s’engouffrent finalement dans une petite maison mitoyenne. La façade est crade. Les volets sont tirés, et le minuscule portail qui précède la porte d’entrée n’est pas le moins du monde entretenu. Un vrai taudis, dont je devine déjà l’odeur âpre de mâle et de renfermé.

    Une poignée de secondes s’effilochent autour de moi, avant que l’animal qui pulse dans mes veines ne se décide. Enfin je traverse la route, sans lâcher mon objectif du regard. Mes doigts se referment délicatement sur la poignée. La porte s’ouvre sans opposer la moindre résistance. Ce con n’a pas fermé à clé.

    Un vieux rap agressif hurle à l’intérieur. Le son des basses tape sur mon ouïe, attise et émoustille le fauve en moi qui se lèche les crocs. Le petit hall est aussi pitoyable que l’extérieur de la demeure. Un tapis usé jusqu’à la corde est posé là, cerné par plusieurs meubles d’un autre âge. On dirait un squat. Une vieille barraque tombée entre les mains d’un petit voyou ivrogne lors d’un héritage familial. Mes yeux se posent sur une batte de base-ball calée dans un coin, alors que je referme calmement la porte d’entrée. Ma main se referme dessus tandis que mon oreille se tend, cherchant à ignorer la musique pour mieux repérer ma proie. Il y a d’autres voix. D’autres présences. Mais l’odeur de shit m’empêche de les identifier clairement.

    Je fais lentement tourner mon arme d’un mouvement souple du poignet. Mes jambes s’avancent à l’intérieur, sans faire de bruit. Et enfin, je le vois. Ce gros tas de merde. Ce n’est pas celui que j’ai traqué jusqu’ici. C’est l’autre. Celui qui m’a planté la lame d’un cutter dans le ventre. Assis au fond d’un vieux fauteuil râpé. Je me raidis dans l’encadrement d’un salon plongé dans un nuage de fumée. Ça renifle la drogue à plein nez. Il ne m’a pas encore vu, ce pauvre con. Trop occupé qu’il est à se faire sucer les amygdales par la blonde en mini-short qui frotte son cul contre son pantalon. A présent, le sang bouillonne contre mes tempes. La colère m’envahit et m’agite. Ma poigne se resserre nerveusement sur la batte. Ce chien est là, à deux doigts de se faire baiser par une pute, sans considération pour le meurtre qui repose sur sa conscience. La bête feule au fond de moi, ivre de rage.

    - Eh ! Qu’est-ce que tu fous là, putain ?!

    L’autre larron réapparaît par une autre issue, talonné de près par la rouquine qui l’accompagnait tout à l’heure. Cet imbécile à les narines pleine de coke. Mon bras tressaute. Je croise à peine son regard. Le temps nécessaire pour que la batte vienne se fracasser contre son visage. Le sang jaillit en même temps que le hurlement de la fille. Le type tangue sous le coup, la bouche dégueulant de rouge et de douleur. Il s’écroule comme une merde face contre terre.

    Les piaillements de la blondasse rejoignent ceux de sa copine. Mon attention retombe, froide et sanguinaire, sur l’autre connard.

    - T’es qui bordel de merde ? T’es qui ?!

    La fille s’est retirée de ses cuisses pour s’éloigner le plus possible. Ma proie se tasse contre le dossier de son fauteuil, l’œil légèrement hagard, paniqué malgré les substances néfastes qui embrument son esprit. La batte tombe dans un bruit métallique contre le parquet. Une noirceur terrifiante pulse sous ma peau. Elle me captive, me guide jusqu’à ma cible. Mes pas traversent calmement la pièce.

    - Tu ne te souviens pas de moi ?

    Ma voix gronde à mes oreilles d’un timbre que je ne reconnais même pas. Un éclair de frayeur passe dans les iris du gars lorsqu’il s’attarde sur mon visage. Dans mon dos, les deux prostituées se sont précipitées vers la sortie sans demander leur reste. Le grondement de l’animal qui fulmine dans mon ventre résonne désormais au fond de ma gorge. Ma main se pose sur l’épaule de ma proie alors que je me penche vers lui.

    - Ça fait trois semaines que j’me demande ce que ça fait … De butter quelqu’un sans le moindre remord.

    Mes doigts se resserrent progressivement sur sa chair. La douleur déchire ses traits tandis qu’un rictus empreint de haine dévoile mes canines vengeresses. Un cri fou s’étrangle entre ses dents lorsque j’entends distinctement les os de son épaule se disloquer et se briser sous la force surnaturelle de ma poigne.

    Un plaisir malsain me fait le libérer d’un mouvement brusque. Il perd l’équilibre dans sa tentative de fuite. Glisse par-dessus l’accoudoir. S’étale sans douceur par terre. Le monstre qui m’habite jubile. Sa peur est palpable depuis qu’il a vu mes crocs. Son odeur me galvanise. Je le regarde gesticuler contre le tapis, le bras en miette, la clavicule réduite en bouillie. Il geint. Il pleure. Je crois qu’il supplie. Sa masse maladroite se relève pour se traîner dans la cuisine. Pauvre connard. Tu n’as pas la moindre chance de m’échapper.

    Mes pas le suivent. Patient et cruel. Comme un chat jouant d’un air las avec une souris, le temps de se décider à porter le coup fatal. Je le vois s’étaler contre le plan de travail. Sa main valide peine à contrôler ses tremblements convulsifs pour se saisir d’un couteau de cuisine. Lorsqu’il fait volte-face, je n’arrive même pas à m’en amuser. La haine raidit bien trop mes lèvres pour me laisser sourire. Il se jette sur moi dans un espoir complètement dingue de me porter un coup. Je l’esquive sans problème. Mes doigts attrapent son poignet au passage. Je lui arrache son arme et sans réfléchir, je la lui enfonce dans la cuisse.

    Le sang grille ce qui reste de ma conscience. L’homme s’effondre au sol, vociférant à la mort. Ma poigne se referme sur ses cheveux avant que son corps ne s’étale de tout son long. Je l’oblige à rejeter la tête en arrière. L’instant d’après, je tombe à genoux derrière lui. Et mes dents affamées se referment sur sa jugulaire.

    Son sang explose dans ma bouche comme le plus délicieux des poisons.

    Un gémissement incontrôlé m’échappe tandis que ma vue se trouble. Il gesticule. Sa main tente de me déloger de là, de faire cesser la souffrance. Mais sa prise impuissante glisse simplement contre mes mèches obscures. Mon cœur s’agite dans ma poitrine, prise d’une euphorie extraordinaire. C’est la première fois que je bois du sang humain. La première fois depuis mon réveil sur le canapé d’Azenor. La première fois, sans qu’il ne soit là pour m’arrêter.

    Je perds rapidement la notion du temps, mais bientôt, une déflagration retentit entre les murs de la maison. Le coup de feu traverse la cuisine et me percute de plein fouet. La douleur, vive et soudaine, me fait reprendre pied avec la réalité. Le vampire s’efface dans un violent coup de vent. Ma conscience refait surface. Je suis hagard, tellement hagard que je ne me rends pas compte de mes longues canines plantées dans la chair de ma victime. Je lui arrache presque le cou en me redressant.

    Son cadavre tombe devant moi, dans un flot de sang noir. Ça me colle à la peau. Sur mes vêtements, mes bras, mon visage. Je hoquète, pétrifié de découvrir ce que j’ai fait. Putain de merde. La vision de sa gorge lacérée me révulse. Je suis contraint de fermer les yeux brièvement pour ne pas céder pour de bon à l’élan de panique qui me foudroie l’estomac.

    Un déclic menaçant me fait relever la tête. L’autre est de retour. Son visage fait peine à voir. Sa mâchoire semble gravement abimée. Mais le regard fou qu’il me lance m’empêche d’avoir une once de pitié. Plus encore, c’est le canon du flingue qu’il pointe vers moi qui me fait prendre conscience que je me suis beaucoup trop attardé ici. Il m’a tiré dessus. Et il semble déterminé à recommencer. Mes doigts lâchent pour de bon le corps sans vie que je viens de vider. Je roule maladroitement sur le côté alors que le deuxième coup de feu explose dans la pièce. Cette fois, la balle fait voler en éclat un tas de vaisselles. Mon instinct de survie réapparaît juste assez pour que je me jette sur lui. Je le pousse sans ménagement, l’envoyant se fracasser contre le mur. L’affolement me fait suffoquer. Les souvenirs de la première leçon d’Az me reviennent subitement. Je débouche hors de la cuisine, retrouvant par une chance inouïe le chemin vers la sortie. A peine l’air frais s’engouffre dans mes poumons que je m’enfuis à pleine vitesse, disparaissant pour de bon au cœur de la nuit.

    **

    Je ne m’arrête qu’une fois dans le couloir devant l’appartement. Un bourdonnement intense vrille contre mes tympans. Je ne parviens toujours pas à calmer ma respiration. Ma main vient palper tant bien que mal mon bras ensanglanté, là où la balle m’a traversé. Par chance, elle n’est pas restée coincée à l’intérieur. La plaie est déjà en train de cicatriser. En revanche le sang sur mes vêtements ne s’est pas effacé. Les images de ce qui vient de se passer tournent en boucle dans ma tête. J’ouvre précipitamment la porte. Mes doigts restent bloqués autour de la clenche, crispés par la panique.

    - Az, putain …

    Mon épaule part s’appuyer contre le panneau. J’essaye de retrouver mon souffle, mais mon cœur bat définitivement trop vite dans ma cage thoracique.

    - J’ai fait une connerie, j’ai … Mon dieu, merde …
    Azenor de Castellane
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    Le goût de la vengeance ♦ Azeven Empty Re: Le goût de la vengeance ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 13:39
    Cela fait déjà une semaine écoulée depuis que Neven est revenu vivre chez moi, tout aussi rapidement que lorsqu’il avait décidé de quitter le nid pour quelques heures à peine. Il avait tout perdu et moi je n’avais pas réfléchi plus que ça à la proposition que je lui avais faite. Pour moi il était limpide qu’il allait rester ici, avec moi, peu importe ce qu’il pourrait se passer. La promesse que je lui avais faite la nuit de sa mort avait été plus que jamais d’actualité. Il avait besoin d’un toit, d’un endroit où il pouvait être en sécurité sans ce soucier de ses problèmes d’argent, pour pouvoir entièrement se consacrer à sa nouvelle vie. Devenir un vampire ne se faisait pas du jour au lendemain. Encaissé toutes les choses qu’il s’était prit dans la gueule en une fois ne l’était pas non plus. Si seulement il n’y avait que ça...

    Nous n’avions pas reparlé de notre dispute, tout comme de ce qui s’en était suivi. Neven avait prit l’habitude de partager mon lit au détriment du canapé, se justifiant par l’isolation sonore de ma chambre. Peu m’importait ses raisons, je me plaisais à le sentir chaque nuit à mes côtés, seuls moments ou presque où il me laissait l’approcher avec une tendresse que je commençais à avoir du mal à contrôler à son égard. Cette journée n’avait fait qu’appuyer un peu plus ce que je sentais poindre dans mon coeur depuis plusieurs jours. Je tenais beaucoup trop à lui. J’aimais le faire rire autant qu’explorer de mon regard son sommeil paisible lorsqu’il s’endormait entre mes bras. J’étais accro, salement accro.

    Mais être accro à un mec comme Neven n’était pas une promenade de santé. Notre colocation avait reprit comme si de rien était, à coups de claquements de porte et de petites piques lancées dans l’air par l’énervement de chacun, à un détail près. Je n’étais plus obligé d’autant insister qu’avant pour qu’il accepte de boire du sang. Et cette victoire était tellement douce qu’elle étirait mon sourire sur mon faciès chaque fois que je voyais mon chat sauvage pincer de ses lèvres la paille plantée dans la poche de liquide carmin tel un adorable enfant. Avec de la patience, on arrivait à tout. Et Neven ne faisait pas exception à la règle.

    Depuis notre sortie à l’évènement de la ville, il s’était également laissé poussé des ailes. Il n’avait plus peur de sortir sans moi, plus peur des personnes qu’il pourrait croiser ou de toutes autres tentations propres au monde extérieur pour les vampires. Si j’étais encore un peu tendu à cette idée, je n’en mimais pas mot. Neven faisait ce qu’il voulait, peu importait mon avis. Et ça, je l’avais très vite compris. Alors je me contentais de le laisser partir avec un sourire, qu’il ne voyait en général pas tant il était pressé de quitter l’appartement. Je profitais de ses moments de calme pour faire cette chose qui me demandait toujours ou presque un silence royal autour de moi. La lecture. Je m’étais replongé dans quelques grimoires de sorcières retrouvés dans une vieille caisse, souvenir d’une très ancienne amie qui me les avaient confiés. Et rien ne valait de plonger dans ses écrits pour en apprendre toujours plus sur les êtres surnaturels. Et enrichir ma culture personnelle, au passage. La magie des sorcières m’avait toujours attirée, jusqu’à connaitre parfois quelques trucs et astuces, juste au cas où, un jour, le besoin s’en ferait ressentir. On ne savait jamais ce que la vie pouvait nous réserver comme surprise.

    J’étais complètement plongé dans mon livre lorsqu’une odeur singulière attaque mes narines, juste au moment où des bruits de pas venant du couloir attirent mon attention. Je relève brusquement la tête des pages manuscrites au moment même où la porte s’ouvre brutalement sur mon colocataire. La vue du sang sur ses vêtements et son visage me font tressaillir d’angoisse, me faisant sauter du canapé à sa rencontre.

    « Qu’est-ce qui se passé ? Tu n’as rien ? »

    Mes yeux explorent chaque centimètre de son être. Ce n’est pas son sang. Pas que en tout cas. Son bras est salement touché mais la blessure est déjà en processus de cicatrisation. Le sang séché dans ses cheveux ne lui appartient pas, tout comme celui qui marque son visage au niveau des lèvres. Oh Neven, mais qu’est-ce que tu as fait ?

    Mes traits se durcissent alors que je comprends tout de suite ce qui a sans doute dû se passer. Neven à fait une connerie. Une grosse connerie. Il fallait bien que ça arrive, à un moment où à un autre. J’aurais tellement aimé que ce soit plus tard...

    « Conduis-moi là-bas, vite ! »

    Je le pousse à faire demi-tour immédiatement, attrapant ma veste au porte manteau au passage. Il n’y a pas une minute à perdre.
    Neven E. Miller
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    Le goût de la vengeance ♦ Azeven Empty Re: Le goût de la vengeance ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 13:40
    Il apparaît subitement à mes côtés, sans que je ne l’ai vu venir. Je secoue la tête pour répondre à sa question. Ou peut-être que je la hoche. Je n’en sais foutrement rien. Je suis incapable de réfléchir. Mes pensées fusent dans tous les sens. Le sang sombre hante mon esprit comme une image d’épouvante. J’ai tué quelqu’un. J’ai tué quelqu’un, nom d’un chien. Mon palpitant continue de tambouriner à tout rompre dans ma poitrine. Une étrange hystérie me crispe de l’intérieur. Soudain l’odeur de stupéfiant me revient en mémoire. Ces types fumaient de l’herbe, mais pas seulement. Y’avait des trucs bien plus forts en jeu. Ils étaient complètement camés. Il ne m’en faut pas plus pour comprendre ; j’ai bu le sang d’un gars gavé de cocaïne. Et mon corps est en train d'en subir le contrecoup.

    Je force sur ma concentration pour repousser la panique incontrôlable qui œuvre dans mon ventre. Az prend les choses en main. Ça me rassure, et en même temps, retourner là-bas me hérisse carrément le poil. J’essaye de croiser son regard dans l’idée de protester. Mais il y a quelque chose sur son visage qui m’en dissuade aussitôt. Son air grave, son aura plus écrasante que d’ordinaire. Je me contente de déglutir, reculant à contre-cœur dans le couloir extérieur.

    - J’suis désolé Az, je voulais pas … je … je sais pas ce qui m’a pris …

    Mes lèvres se scellent lorsque ses yeux croisent les miens. La fermeté que lui procure la situation d’urgence me rend muet. J’ai fait une gigantesque connerie. La plus grosse de toute ma foutue existence. Je me tais avant d’enfoncer le clou. Il est mon seul point de repli. La seule putain de lumière dans cet océan de noirceur et d’emmerdes. Alors si Az veut qu’on retourne là-bas … Ce n’est pas vraiment comme si ça me laissait le choix.

    **

    Je ne sais pas exactement comment j’ai pu retrouver le chemin. Ça n’a pris qu’une poignée de minutes, tout au plus, avant que la maison ne réapparaisse devant mes yeux. Elle me paraît irréelle. Totalement irréelle. La porte d’entrée est entrouverte, laissée telle quelle derrière mon passage. On entend la musique étouffée depuis le trottoir. La lumière brille toujours à travers les volets écaillés. Il semble que rien n’a bougé. Que tout est resté en latence, isolé du reste du monde.

    Mes yeux remontent sur le vampire à mes côtés. Et maintenant ? Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire ? C’est trop tard pour réparer ce que j’ai fait. Pas besoin d’être un génie pour s’en douter. Cet homme avait la trachée à moitié arrachée lorsque je l’ai laissé tomber par terre. Personne ne peut survivre à ça. Personne. L’inquiétude qui me ronge de l’intérieur change subitement de sens. Et Az là-dedans ? Est-ce qu’il va me laisser tomber ? Me laisser à mon putain de sort en voyant le résultat de cette monstruosité qui sommeille en moi ? Mon corps se tend encore plus qu’il ne l’était déjà. Cette idée m’est plus insurmontable que celle d’avoir tué ce type. Ma main se lève avant que nous ne fassions un pas de plus. J’attrape le bras du vampire avant de chercher à capter son regard.

    - Az … il faut que tu saches. Ce sont ces gars … Ce sont eux, l’autre soir, qui m’ont laissé pour mort derrière la boîte de nuit.

    Je serre les dents un instant alors que je tente maladroitement de lui transmettre en silence toute la sincérité de mes mots. Ma voix étranglée perce à peine le noeud coincé dans le fond de ma gorge.

    - Quand je me suis rendu compte de ce que j’avais fait … il était déjà trop tard...
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    Le goût de la vengeance ♦ Azeven Empty Re: Le goût de la vengeance ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 13:40
    Nous arrivons rapidement sur place. Mes yeux se posent sur la bicoque qu'il m'indique, comme transposée dans univers irréel. La musique sourde battant en rythme dans l'air, les lumières allumées perçant à peine les fenêtres qui ne tiennent debout que par miracle et surtout, cette porte, ouverte, dévoilant à peine le carnage qui a dû se produire à l'intérieur il y a à peine quelques minutes. Mon regard s'éternise sur les pants de murs décrépit de la masure devant moi. Une personne sainte d'esprit ne pourrait vivre là dedans. Ça pue la crasse et la coke, ça pue la misère et la mauvaise weed. J'espère qu'il n'y a aucun survivant à l'intérieur. Juste pour la facilité. Même si quelque part au fond de moi, je sais que c'est faux. Et il était hors de question de laisser la moindre preuve du passage de mon petit vampire dans ce taudis.

    Mes pas reprennent leurs mouvements au moment même où Neven me retient par le bras. Je peux lire dans ses yeux à quel point il peut être paniqué. A quel point la situation à totalement dérapé. Il n'a rien contrôlé de ses actes. Et ses mots ne font que me le confirmer. C'était donc eux, les malfrats qui s'en étaient pris à lui pour le tuer ce fameux soir dans cette ruelle. Mes sourcils se froncent à cette révélation. Ils n'avaient eu que ce qu'ils méritaient.

    " Calme toi. Ses pourritures ont eu ce qu'ils méritaient."

    Je lui accordais un faible sourire, me voulant aussi rassurant que possible. Il était encore en état de choc. Sa tension était palpable, tout son être semblait prit dans un tourbillon d'émotions trop effrayantes pour lui. Mes mains se placèrent sur ses épaules, puis l'une d'elle vient chasser une mèche de cheveux séchée par le sang de son visage.

    " Est-ce que tu sais s'il y a des survivants à l'intérieur ?"
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    Mer 6 Nov - 13:41
    Ses paumes qui apparaissent sur mes épaules me font l'effet d'un électrochoc. La panique s'étouffe d'elle-même dans mon torse alors que les yeux d'Az rencontrent les miens. Un calme étrange et presque aussi effrayant que tout le reste de la situation me saisit et m'envahit progressivement. Il n'a pas l'air en colère. Du moins, pas autant que ce à quoi j'aurais pu m'attendre. Ils ont eu ce qu'ils méritaient. Vraiment ? J'essaye de m'imprégner de l'idée, mais quelque chose me révulse là-dedans. Ma part vampire acquiesce avec humeur, frustré de ne pas avoir pu assouvir sa soif de vengeance jusqu'au bout. Ma moitié humaine est juste incapable d'accepter le fait que j'ai tué quelqu'un. Que je suis devenu ce genre de saloperie. Je déglutis, sans lâcher le regard d'Az.

    - Ouais, soufflé-je.

    Mes lèvres s'animent lentement, articulant chaque mot comme si leur poids me pesait lourdement sur la langue.

    - Ils sont deux. J'ai arraché la gorge du premier. Son corps gît dans la cuisine. L'autre a essayé de me tirer dessus juste avant que je ne m'enfuis. Il est armé et … il a la mâchoire défoncée.

    Je sonde son faciès. J'essaye d'y déceler un indice, aussi infime soit-il, sur ce que toute cette merde peut bien provoquer en lui. Un frisson menace de me foudroyer l'échine. Cette dernière image du gars à la gueule brisée s'incruste dans mon esprit. Je tourne juste assez la tête pour regarder la maison, sans chercher à échapper à la prise d'Az autour de mon visage. Ce connard n'était certainement pas en mesure d'appeler les secours. Les flics seraient déjà sur place sinon.

    - Il doit encore y être.

    Je retrouve le bleu de ses iris. Une nouvelle question me démange. Pourtant un sombre pressentiment me susurre à l'oreille que je n'ai pas vraiment envie d'en connaître la réponse.

    - Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?
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    Le goût de la vengeance ♦ Azeven Empty Re: Le goût de la vengeance ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 13:42
    Neven m'explique rapidement la situation. Je sens une nouvelle fois a quel point il a du mal à encaisser. Pourtant, il va jusqu'au bout de sa tirade. Il y en avait donc encore un vivant à l'intérieur. On avait déjà énormément de chance qu'il n'ai pas appelé les flics. Maintenant, il fallait agir, vite.

    " On va faire ce qu'il faut."

    Je relâchais enfin ma prise sur lui alors que mes mots filaient dans l'air. Cette fois, il n'arrêtera pas mon mouvement vers la porte à moitié ouverte de la bâtisse. J'avance d'un pas décidé, ma main se glissant sur la porte qui s'ouvre plus encore sous la pression de mes doigts. Mon regard fait le tour de la pièce, repère le moindre indice, le moindre détail me permettant de savoir où se trouve la raclure qui se cache dans cette maison. Je suis sur mes gardes tout en étant plus décidé que jamais à en finir au plus vite. Mes pas me mènent jusqu'à la cuisine où je découvre la scène que ma décrit Neven quelques minutes auparavant. Du sang jonche le sol à plusieurs endroits tandis que le cadavre de l'homme qu'il a tué est étendu sans vie en plein milieu. Il est mort, c'est certain. C'est déjà ça.

    Un bruit suspect attire mon attention. Ca vient de la pièce d'à côté, j'en mettrais ma main à couper. Je relève la tête en direction du son intrusif tout en me remettant en mouvement. Ma main se pose sur la poignée de la porte pour l'activée mais rien y fait, elle reste résolument fermée.

    " Dégage ! Sale monstre ! T'approche pas de moi !!"

    Sa voix perce le silence à travers la porte, invitant un sourire mauvais sur mes lèvres. Mon instinct se réveille brutalement, galvanisé par la seule présence de ma proie derrière la pauvre porte qui ne va pas tarder à céder. Je me recule un peu, juste assez pour me donner l'impulsion suffisante pour envoyer mon pied dans la porte qui vole en éclat sous le choc. Il est là, juste devant moi, collé au mur, tremblant de peur, semblant totalement hystérique. Son arme se lève en ma direction. Un premier coup part s'exploser sur mon torse alors que je met un pied dans la pièce. La balle ne m'arrête pas, elle m'ébranle à peine. Je grogne en fonçant sur lui, écartant son arme qui tire à nouveau, cette fois dans la vide. Ma main s'invite violemment sur sa gorge, le plaque contre le mur avant de le soulever jusqu'à ce que ses pieds ne touchent plus le sol. Il tente de se débattre alors que je l'observe d'un regard mauvais, que mes crocs appaissent lorsque j'ouvre la bouche. Son regard paniqué me galvanise, fait monter le plaisir de la chasse au creu de mon ventre. J'adore ça. Et ça fait beaucoup trop longtemps que je ne me suis pas laissé aller à un tel sentiment. Une partie de moi crève d'envie de faire durer le plaisir, tandis que l'autre sait qu'il faut rapidement en finir. Et pour une fois, je n'ai pas envie d'écouter la seconde. Ce mec à tué Neven. Et c'est cette idée qui guide mes crocs jusqu'à sa gorge. Je l'entame à grandes morsures avant de me reprendre. MA main libre s'invite jusqu'à la plaie béante que je viens de créer dans son cou. Mes doigts s'accrochent à elle avant de tirer, violemment, arrachant doucement mais sûrement la tête de cette ordure de son cou que ma main broie toujours. Je jouï en voyant sa vie quitter le corps de cet enfoiré. Ne manque pas une miette de ses cris étouffés dans sa gorge s'ouvrant sous la seule pression de mes doigts. Et puis, en un coup, je fini le travail. Sa tête atterri au sol, roulant sur la moquette étalée sous mes pieds. Enfin, je relâche le reste de son corps qui s'éffondre contre le mur. Je soupire en admirant ce que je viens de faire. Il l'a mérité. Neven est vengé.

    J'abandonne le corps en attrapant une couverture sale sur le lit, essuyant rapidement mes mains avant de le jeter au sol, recouvrant la tête de ma proie. A présent, il faut se débarrasser des preuves. Au plus vite. Autant faire au plus simple. L'endroit est rempli d'alcools, une aubaine pour nous. J'attrape une bouteille au passage, venant la vider sur le sol tout en traversant la cuisine, recommençant la manoeuvre jusqu'à ce que mes pas me ramènent devant la porte d'entrée. Je jette la bouteille dans un coin tout en glissant ma main dans la poche de ma veste pour prendre mes cigarettes. J'en sors une, l'allume en silence, tirant la première taff en soupirant. Mes yeux trainent sur la scène, m'assurant de n'avoir rien oublié. D'un mouvement, mes doigts éjectent la clope venant s'écraser au sol, à quelques mètres à peine. En un instant, le feu se déclare devant mon regard satisfait. Il est temps de partir. J'attrape Neven par le bras, l'attire à l'extérieur avant que le feu ne se propage. Plus qu'à déguerpir d'ici, avant que les pompiers ne se ramènent, vite.
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    Mer 6 Nov - 13:42
    Az se glisse à travers la porte avec un geste félin qui ne trompe personne. Son instinct de prédateur a pris le dessus. Comme moi peu auparavant, à la différence que chez lui tout est absolument contrôlé. Une aura sombre et dangereuse émane de lui. Une volontée brute, consciente et bestiale. Cette fois je tressaille pour de bon, sans parvenir à formuler dans mon esprit ce que le vampire s'apprête à faire.

    On va faire ce qu'il faut.

    L'enfoiré terré là dedans est condamné. Son sort s'est scellé à l'instant où Az a disparu à l'interieur. De longues secondes sont nécessaires avant que mes baskets ne se décollent enfin du trottoir. Un flot d'émotions contradictoires se bousculent en moi, mélange explosif et incompatible de mes deux natures. Finalement je refuse de rester là. Planté comme un connard devant la maison de l'horreur. À attendre qu'Az finisse ce que j'ai commencé.

    La porte tourne lentement sur ses gonds. Le passage s'ouvre devant moi. Mon bras retombe le long de mon corps alors que je pénètre à mon tour à l'intérieur. L'odeur du sang est partout. Elle me sert la gorge. Une explosion retentit au fond de la demeure. Mon coeur bondit dans ma poitrine, mes muscles se tendent. Az l'a trouvé. Un second coup de feu éclate sous les vociférations étouffées de l'homme. Mon instinct premier me fait esquisser un mouvement précipité pour retrouver le vampire. Et s'il avait été touché ? Mon geste s'interrompt pourtant avant même que je n'ai quitté le hall d'entrée. Les cris étranglés qui s'échappent du bout du couloir n'appartiennent pas à mon colocataire. Quelque chose me pousse à m'arrêter là. À ne pas aller voir. Je reste figé sur le tapis usé, à sentir ma conscience se faire détruire par les bruits de gorge de plus en plus fous qui percent à travers la musique hurlante. La pilosité de mes avants-bras se dressent d'épouvante tandis que le monstre en moi ronronne et se laisse aller apprécier le parfum de peur qui flotte dans les airs. Et puis soudain, tout s'arrête. Le silence tombe comme une pierre entre les murs de la maison.

    C'est fini.

    Je relève les yeux sur la silhouette du vampire qui réapparaît au bout du couloir. Un souffle traverse mes lèvres, mais j'ignore s'il s'agit tant d'anxiété que de soulagement. Le goût de la mort entoure Az comme un voile insaisissable. L'étincelle obscure qui règne au fond de son regard est aussi effrayante que galvanisante.

    L'odeur du feu surgit. Les flammes rouges et excitées grandissent sous mes yeux, courent entre les murs, se répandent à travers la bâtisse en quelques instants. La prise d'Az se referme sur mon bras, me tirant loin de cette vision. L'adrénaline éclate de nouveau dans mon ventre au moment où nous retrouvons l'air nocturne. Le brasier gronde comme un chat affamé au coeur de la maison. J'ai à peine le temps de voir ses éclats brûlants scintiller derrière les vieux volets que la main de mon vampire m'emporte dans son sillage. Le plus loin possible d'ici.

    Je ne cherche pas à réfléchir alors que nous avalons un maximum de distance. Le monde est flou tout autour. Il y a trop de choses qui se bousculent dans mon crâne. Je m'arrête subitement, stoppant notre course à pleine vitesse en calquant ma main contre les doigts d'Az qui enserrent mon bras. Une soudaine envie de vomir me retourne l'estomac. Je me defais de sa poigne, quelque peu essoufflé par notre fuite et par les battements frénétiques de mon coeur contre ma poitrine. Nous nous sommes figés juste devant une petite ruelle sombre. Mes pas m'y guident d'instinct, comme pour répondre au besoin d'être invisible aux yeux du monde. Un tremblement nerveux paralyse mes doigts lorsque je laisse mon dos rencontrer durement la pierre sale et humide du mur de briques. Je me démène pour sortir pour paquet de clopes et en glisser une entre mes lèvres. Ce geste ramène à mon souvenir les tâches carmins sur strient mes bras. Le briquet s'allume devant mon visage, le tabac s'embrase, et je prends une première bouffée salutaire. Un quart de seconde plus tard, et je rendais mes tripes aux pieds d'Azenor. La nicotine agit comme un calmant. Ma tête part s'appuyer contre le mur, avant que je ne rouvre les yeux dans l'obscurité des lieux, à la recherche de ceux de mon compagnon.

    - Bon sang de merde. On vient de butter deux gars.

    Je tire encore sur ma clope, essayant d'ignorer le sang séché sur mes mains. Je crève d'envie de me nettoyer, de faire disparaître ces traces, de me gratter la peau jusqu'à l'os pour faire déguerpir cette abominable sensation. Mais je sais qu'en cédant à cette tentation, je perdrai définitivement pieds.

    Mon regard s'attarde sur Az. Un jour, je serai aussi inébranlable que lui face à ce genre de choses. Je le sais. C'est inévitable, c'est inscrit dans nos chairs. Mais plus déroutant encore, il savait exactement quoi faire. Il n'a pas hésité. Pas un seul instant.

    - Ce n'est pas la première fois, hein ? demandé-je d'une voix éraillée. Que tu tues quelqu'un de sang froid.
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    Mer 6 Nov - 13:43
    Notre course nous emmène loin du feu ardent que j’ai provoqué. Il n’a fallu que quelques secondes au brasier pour emporter la totalité de la bâtisse, assez pour nous permettre de fuir avant que le voisinage ne se rende compte de la situation. Ma main accrochée à Neven, je ne m’arrêtais pas, fuyant le plus loin possible comme si ce que nous venions de vivre n’avait jamais existé. Brusquement, mon chat sauvage se fige en plein élan, se dégageant de ma prise pour se réfugier dans une ruelle adjacente. Je l’observe, comprenant rapidement qu’il n’est plus en état d’avancer. D’un regard, je m’assure que personne ne nous a suivi avant de le rejoindre, venant me poster devant ses pieds maintenant qu’il est assis. Le choc est trop grand, trop intense pour qu’il puisse continuer.

    Mon regard s’attarde sur lui alors qu’il relève la tête en ma direction. Il semble prendre peu à peu entièrement conscience de ce qu’il vient de se passer. Le meurtre de ses deux raclures qui ne manqueront sans doute à personne. Je n’éprouve pas le moindre regret suite à ce que je viens de faire. Il n’y a que l’inquiétude de le voir ainsi qui me noue l’estomac. Un soupire traverse mes lèvres alors que mes iris suivent le chemin de sa clope jusqu’à ses lèvres. Je baisse les yeux à sa remarque, cherche mon salut sur les pavés mouillés sous nos pieds. Je n’ai aucune envie de lui mentir. Tout comme la simple idée de le voir fuir si je lui explique quel genre de monstre je suis réellement me terrifie totalement. Il aurait raison de fuir, de me fuir, moi et cet animal sanguinaire qui m’habite depuis tellement de siècles. Et si il ne l’acceptait tout simplement pas ? Et si il m’abandonnait là, ici même, les yeux remplis de cette terreur que je connais si bien. Je refuse que ça arrive.

    Mes pas marquent le sol, venant prendre place à ses côtés. A mon tour, je me laisse glisser jusqu’aux pavés humides qui transpercent immédiatement mon pantalon. Tant pis, je m’en fiche éperdument. Le ton de sa voix me tourne dans la tête, cette voix éraillée par tout ce qu’il vient de vivre cette nuit. J’aurais tellement voulu retarder ce moment de quelques années encore. J’avais fais de mon mieux pour le protéger, pour ne pas qu’il ai le même fardeau à porté que j’avais pu avoir à ma naissance vampirique, mais ça n’avait rien changé. Ce soir, Neven prenait un peu plus conscience de ce qu’il était. Et du monstre que je pouvais être également. Heureusement, il n’avait pas vu ce que j’avais fait à ce camé, il n’avait pas vu à quel point je pouvais être dangereux lorsque la situation s’y prêtait. Pour le protéger, peu importe ce qui se passerait.

    Un soupir s’échappa à nouveau de mes lèvres alors que ma tête rencontrait le mur sur lequel mon dos reposait. Comment lui dire ? Quoi lui dire ? Je serrais les dents, ma main s’aventurant une nouvelle fois dans mes poches à la recherche de mes clopes. J’en allumais une, imitant mon partenaire en me laissant le temps du choix de mes mots. Mes iris se posèrent au sol, incapable que j’étais de le regarder. A la place, je tirais une fois encore sur ma cigarette, mes jambes pliées accueillant mes bras tendus reposant sur mes genoux. La vision de mes mains pleines de sang ne me fit rien, mise à part la sérieuse envie de prendre une douche pour m’en débarrasser. Ai-je réellement devenu aussi insensible face à une situation aussi grave ? Il n’y avait aucun doute là-dessus.

    « La première fois, c’était à ma naissance vampirique. J’étais livré à moi-même, j’avais cette soif horrible et dévorante qui prenait le pas sur tout le reste. Je me suis introduit chez une famille et je les ai tous tués. Femme, homme, enfants... Je n’ai pas réussi à m’arrêter. »

    De vagues souvenirs se bousculaient dans ma tête tandis que je lui narrais mon récit, décollant enfin mon regard de la pierre pour le lever jusqu’au ciel propre à mon monde de noirceur. Cinq cent ans étaient passé et ce souvenir là était toujours présent dans mon esprit. Cette horrible première fois. La première d’une longue série. Mes yeux se fermèrent, ma cage thoracique se souleva une fois de plus au rythme de mon souffle imperturbable. J’entendais les cris, revoyait les visages et cette peur caractéristique dans leur yeux me dévisageant avant d’essayer de fuir. Mes yeux se rouvrirent, fuyant mes souvenirs pour se poser sur le faciès de mon compagnon marqué par le sang séché.

    « J’ai voulu t’épargner ça en te retenant de force chez moi à ta renaissance.  Cette culpabilité horrible qui te prend aux tripes. J’ai voulu t’offrir ce que je n’ai pas eu. Je suis désolé Neven. Ca te hantera toute ta vie. Et si tu as de la chance, tu arriveras à oublier. »

    Mes doigts firent un enième aller-retour vers mes lèvres, mon regard le quittant à nouveau pour se perdre sur la petite ruelle sombre devenue refuge de quelques minutes. Nous avions couru jusqu’ici, nous étions éloignés le plus possible de la scène de crime et malgré tout, je pouvais clairement entendre les sirènes retentirent au loin, à quelques kilomètres, perturbant le silence de la nuit et le sommeil des habitants. Mieux valait que nous rentrions chez nous.

    « On ferait mieux de rentrer. Enfin, si tu veux toujours être mon coloc ? »

    A nouveau, ma tête se tourna vers lui. Un air timide et gêné anima mon visage alors qu’un léger sourire traça sa route sur mes lèvres. Qu’il accepte, que nous rentrions chez nous que je puisse effacer ce mélange de sentiments contradictoires de son visage. Qu’est-ce que je ferais si il décidait de partir ? Rien de bon, c’était une certitude. D’un mouvement, je me relevais, me postant devant lui pour lui tendre la main dans l’espoir de l’aider à se relever. Neven, je suis tellement désolé.
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    Mer 6 Nov - 13:44
    Mes yeux restent accrochés à son visage alors que ses lèvres bougent dans le noir pour délivrer son récit. Mon cœur se presse dans mon torse. Chacun de ses mots trouvent écho en moi, comme une étincelle scintillant au fond de l’obscurité. Je ne dis rien, me contentant d’évacuer la pression à travers ma cigarette. Peu à peu, à mesure que la cendre se forme au bout de mon bâtonnet de tabac, je reprends contenance. J’observe Az, la neutralité de ses traits et son regard lointain. Et je me rends compte que tout aurait été bien plus difficile s’il n’avait pas été là. Les choses auraient pu être bien plus désastreuses encore, s’il m’avait laissé à mon sort. Combien d’humains auraient pu finir complètement massacrés ? A écouter son témoignage, beaucoup. Beaucoup trop. L’idée de m’enquérir du nombre de victimes qu’a pu engendrer le vampire en lui me traverse l’esprit. Puis je renonce, tout aussi rapidement. Je m’en fou. Ça n’a aucune importance. La clope rejoint mes lèvres une énième fois. Mes doigts rougis sont encore légèrement sous l’emprise d’un tremblement nerveux. « Ça te hantera toute ta vie ». J’accueille la nouvelle avec une bouffée de nicotine. Mon propre démon est déjà là, solidement installé dans un coin de ma tête. En train de se gaver des derniers souvenirs des hurlements fous du type que j’ai égorgé. C’est le même qu’Az, à différente échelle. Je le sens presque émaner de l’aura toute particulière qu’il dégage en cet instant présent. Ça a quelque chose de rassurant. Supporter cette malédiction à ses côtés, c’est bien plus soutenable que d’y faire face seul.

    Je suis encore plongé dans le fil chaotique de mes pensées lorsqu’il reprend la parole. La question me surprend. Je retrouve le bleu de ses iris. J’y reconnais cette même inquiétude qui m’a serré l’estomac un peu plus tôt. Celle d’inspirer de la crainte et du dégoût, celle de susciter l’abandon. Mon palpitant frémit contre ma poitrine. Lui et moi, on est le même type de monstres. Az se relève d’un geste souple. Mes yeux tombent sur la paume ouverte qu’il me tend, avant de remonter jusqu’à son visage. Mes sourcils se froncent imperceptiblement sur mon front. Comment peut-il encore poser cette question ? Après tout ce qui s’est passé ? Après ce soir où j’ai claqué la porte de chez lui pour y revenir trois heures plus tard, sans logement, sans job, avec un foutu sac de sport rassemblant la totalité de mes affaires. Après sa promesse brûlante, après cette nuit si singulière qui s’en est suivie. Et à présent, après nos mains tâchées du même crime sanguinaire … Jamais plus l’idée de partir ne pourrait m’effleurer l’esprit.

    - Bien sûr que oui.

    Mes doigts rejoignent fermement les siens après s’être débarrassés de mon mégot éteint. Je tire sur son bras pour me remettre sur pied, essayant de ne pas trop penser à l’image saisissante de nos deux paumes liées.

    - On rentre, acquiescé-je tout bas. Je te suis.

    Ma main libère la sienne. Je m’apprête à lui emboîter le pas en m’appliquant à ne pas trop faire attention aux sirènes hurlantes à l’autre bout de la ville. Pourtant mes jambes s’arrêtent presque aussitôt. Je m’immobilise dans la pénombre.

    - Az.

    J’attends qu’il se retourne, cherchant silencieusement son regard. Ce n’est que lorsque je capte enfin l’éclat de la lune dans le fond de ses iris que je termine sur ma lancée. Je déglutis, chassant cette émotion incompréhensible qui me noue la gorge.

    - Merci. De m’avoir sauvé la vie l’autre soir.

    Là, dans cette ruelle humide et isolée du reste du monde, je me rends compte que j’aurais détesté crever sous les coups de ces deux connards. J’aurais détesté cette mort plus que n’importe quelle autre.
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    Mer 6 Nov - 13:45
    Sa réponse fait s’envoler le poids qui pesait lourdement sur mes épaules. Il voulait rester. Encore. Pour le moment. Jusqu’à sans doute qu’il découvre tout de moi et de mon passé sanguinaire. Si il le découvre un jour... Je m’accrochais à sa main prenant enfin la mienne, nous liant une nouvelle fois dans un pacte de sang que personne ne pourrait briser. Une promesse se joignant aux autres qui nous liait déjà. Je l’accueille d’un sourire alors qu’il se relève, me faisant à nouveau face de ses beaux yeux noisettes. On rentre.

    Sa main relâche la mienne tandis que je me remet en route, direction l’appartement. J’ai à peine fait deux pas que sa voix m’interpelle à nouveau, me faisant me retourner vers lui avec curiosité. Ses mots me laissent sans voix. Je n’aurais jamais cru que Neven me remercierait de ça un jour. Je n’aurais jamais cru que Neven me remercierait de quoi que ce soit un jour. Mes lèvres s’étirèrent à nouveau dans un sourire doux et sincère sur mon faciès.

    « A ton service. »

    Mon sourire s’étira un peu plus, lui offrant un clin d’oeil amusé avant de me retourner, reprenant ma marche en appréciant le moment à sa juste valeur, ignorant les battements accélérés de mon palpitant dans ma poitrine alors que je soupirais longuement, les yeux rivés sur les ruelles étroites qui nous attendait. Cette soirée était décidément pleine de surprises.

    Il nous fallu seulement quelques minutes pour rentrer chez nous. J’invitais Nev à entrer le premier dans le bâtiment, m’assurant que nous n’avions alerté personne de notre présence avant de gravir les marches à sa suite. Ce n’est qu’une fois passé la porte que le soulagement m’envahi à nouveau. Nous étions rentré. J’avais fais ce qu’il fallait. Il n’y avait plus aucune raison de s’en faire. Et Neven dans tout ça ? Nous n’avions pas échangé un mot sur le retour. Je me doutais bien qu’il devait toujours être dans un état second, pas réellement conscient de ce que nous venions de vivre. Je ne savais pas comment agir avec lui. J’avais envie de le rassurer, de le prendre dans mes bras et de lui faire oublier tout de cette nuit. L’idée de l’hypnotiser m’avait même traversé l’esprit, mais je m’y étais refusé. Ce genre de chose finirait par se reproduire, à un moment ou à un autre et je ne me voyais définitivement pas user de mon pouvoir à chaque fois qu’il le faudrait.

    Ne sachant quoi faire, je me contentais de me défaire de mon manteau, réalisant à nouveau les tâches de sang qui me recouvrait, tout comme lui. Une douche, ça, c’était une idée bien meilleure idée. J’en profitais pour retirer mon tee-shirt, m’approchant de mon compagnon, mon sourire éternellement bienveillant accroché aux lèvres.

    « Une bonne douche te ferait du bien. Nous ferait du bien. Aller zou, pas de discussion. »

    Je le repoussais jusqu’à la porte de la salle de bain dans mon mouvement, le débarrassant de son haut au passage, au moment même où nous passions la porte. Je le relâchais seulement une fois dans la pièce, continuant d’enlever mes vêtements jusqu’à être complètement nu. Mon regard rencontra le sien, brièvement, avant que je ne jette nos vêtements sales dans la manne à linge. Je me glissais jusqu’à la cabine, l’invitant à me rejoindre tout en activant les robinets. Ainsi face à lui, nos chairs marqués par le sang et les coups de feu, je pris le temps de vérifier chaque parcelle de son corps que je pouvais apercevoir. Il n’y avait déjà plus de trace de la balle qui avait traversé son bras, tout comme le coup que j’avais reçu en pleine poitrine s’était lui aussi effacé aussi vite qu’il était apparu. Il ne restait plus que le sang, seul preuve restante de notre nuit mortelle, qui s’écoulait maintenant au rythme de l’eau chaude sur nos deux corps.
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    Mer 6 Nov - 13:46
    Retrouver le calme de l’appartement prolonge d’autant plus l’étrange état dans lequel je suis plongé. L’atmosphère douce et accueillante qui nous entoure contraste beaucoup trop fortement avec les images qui se superposent encore devant mes yeux. J’ai toujours l’impression d’entendre les cris, le craquement des os, la musique assourdissante, la détonation des coups de feu. Mon esprit reste résolument bloqué dans la maison que nous avons laissé derrière nous, qui ne doit plus être qu’un tas de cendres à l’heure actuelle. La voix d’Azenor m’interpelle. Je relève les yeux vers lui tandis que ses mots font leur chemin dans ma tête. Une douche. Bordel, ouais. Une putain de douche.

    Ses mains me repoussent docilement jusqu’à la salle de bain. Je me déshabille mécaniquement. Une sensation désagréable court sous ma peau. J’essaye de l’ignorer, me promettant silencieusement que ce sang qui me recouvre va finir par partir. Les mouvements d’Az dans la pièce m’empêchent de perdre le lien avec la réalité. Mes pas le suivent jusqu’à la douche. Je lui fais face, me laissant bercer par le contact de ses doigts sur mon épaule. La douleur s’en est allée, comme bien d'autres choses. Mes yeux se perdent sur son torse. Je me retrouve hypnotisé par le cheminement de l’eau sur son épiderme, par le sang séché qui disparaît lentement. Le rouge s’efface, ne laissant derrière lui qu’une peau lisse, blanche et parfaite. Comme si rien ne s’était passé. Comme s’il n’y avait jamais eu de coup de feu, jamais eu de douleur. Je lève un bras pour glisser mes doigts là où la plaie s’est refermée. Sa chair est intacte désormais, il n’en gardera pas même la moindre cicatrice. Le jet de la douche glisse sur ma main et nettoie les traces carmin qui me démangent furieusement. Mon attention s’attarde un instant sur cette vision, sur ma peau qui redevient aussi pâle qu’à l’origine. Je soupire, avant d’avancer d’un pas et de me rapprocher d’Az pour me placer plus franchement sous l’eau. Elle m’englobe dans son étreinte au sein de laquelle je me fonds avec un soulagement non dissimulé. Mes doigts courent à nouveau sur le vampire. Je place mes mains de part et d’autre de son visage. Mes paupières se ferment d’elles-mêmes sans plus chercher à croiser son regard. Mon front vient trouver le sien, et je me laisse aller à la sensation apaisante du ruissellement entre mes cheveux. Je reste un moment ainsi, figé contre lui, à m’accrocher à sa simple présence.

    - Tu ne m’as jamais raconté ta transformation.

    Mon souffle meurt contre ses lèvres. Je ne sais pas exactement comment le cheminement de mes pensées en est revenu à ce sujet précis. C’est certainement un besoin de comprendre, et un besoin d’entendre à nouveau sa voix. Quand Az me parle de ses souvenirs, ça captive toute mon attention. Et ça m’empêche de sombrer dans un gouffre sans fond.
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    Mer 6 Nov - 13:47
    L’eau s’écoule sur mon torse, mes mains s’attardent dans mes cheveux, les ramenant en arrière alors que mes yeux se ferment, profitant de la chaleur me transperçant l’épiderme. Je me sépare sans regret de tout le sang séché que j’ai dans les cheveux, ne rouvrant les yeux que quelques secondes plus tard, surprenant le geste de Neven sur mon torse. Ses doigts effleures mon épiderme à l’endroit même où la balle à tracé sa route dans ma chair il y a une heure à peine. Je l’observe sans rien dire. Je n’ose pas. Je me contente d’être attentif au moindre de ses gestes. Je laisse ses mains se glisser sur mon visage alors que je détaille son expression, ce soulagement palpable lorsqu’il ferme les yeux, venant poser son front contre le mien avec douceur. Les miens se ferment tel un automatisme, toute mon attention se tourne vers sa peau glissante contre la mienne, les battements de son coeur venant s’échouer doucement dans mes oreilles. Mes bras l’entoure en douceur, ma main tâtonnant dans son dos pour récupérer du savon. Je le laisse glisser sur les courbes de son dos à l’aveugle, jusqu’à m’arrêter brusquement en plein milieu de ma trajectoire. Mes yeux se rouvrent sans que mon front ne se décolle du sien. La question était surprenante. Ou du moins, je ne m’attendais pas à ce qu’il me la pose maintenant. Mais après tout c’était logique, après ce que je lui avais révélé plus tôt, dans cette petite ruelle sombre qui avait été notre refuge loin des flammes dévorantes que nous avions provoquées. Soupirant, mes gestes dans son dos reprirent de plus belle alors que je gardais les yeux ouverts, recueillant l’eau dans mes cheveux comme une douce étreinte supplémentaire.

    « C’était il y a très longtemps. J’avais été invité à une fête, le genre de fête bien trop arrosée pour le bien de tous. C’était une soirée déguisée. Je portais un masque de loup, je m’en souviens encore... »

    Le savon se perdit dans les courbes de son corps, ne manquant pas une seule parcelle de sa peau offerte. La vue du sang s’écoulant à nos pieds contrastait totalement avec le sourire que j’affichais sur mon visage, en souvenir des bribes de mon passé resurgissant dans ma tête.

    « Personne ne s’est rendu compte de rien jusqu’à ce qu’une femme commence à hurler. Je me souviens de son cri, de cette frayeur que j’ai ressenti à la seconde où je l’ai vue courir devant mes yeux, couverte de son propre sang. C’est à ce moment là que le carnage à commencé. Rien, ni personne ne pouvait l’arrêter. Je n’ai pas essayé. Je n’ai même pas réussi à fuir lorsque je me suis retrouvé né à né avec lui. Personne n’a survécu. Personne sauf moi. Je ne sais toujours pas pourquoi est-ce qu’il m’a choisi parmi tous les autres. Pourquoi est-ce qu’il ne m’a pas tué. J’en sais rien. »

    Mon front se décolla de celui de Neven alors que mes mains s’appliquaient à le savonner au niveau du torse, d’un geste précis et sensuel, doux et lent à la fois.

    « Je n’ai jamais connu celui qui m’a offert cette vie. J’ai été livré à moi-même, n’ayant aucune idée de ce que signifiait d’être un vampire. J’ai tout appris moi-même, je n’ai pas eu le choix. Je me suis brûlé aux rayons du soleil du matin, j’ai failli y passer en voulant allumer un feu, j’ai tué mes proies les unes après les autres sans savoir comment m’arrêter. Je suis vite devenu ivre de sang. Et j’ai fini par retourner auprès de ma famille, à essayer d’avoir une vie normale malgré tout. Tu te doutes que ça n’a pas fonctionné. »

    Mon regard chercha le sien à la fin de ma phrase. J’avais fais nombre de conneries, bien plus grave que les meurtres que nous avions commis ce soir. Et j’étais plus qu’heureux que je sois là pour l’empêcher de faire les mêmes erreurs.

    « Mon maître est le vampire originel. Je ne l’ai jamais rencontré, mise à part dans les livres. Il a été maudit par des sorcières, c’est ce qui lui a donné ses capacités. Et moi, j’ai été l’un de ses premiers enfants. »
    Neven E. Miller
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    Le goût de la vengeance ♦ Azeven Empty Re: Le goût de la vengeance ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 13:48
    Az se montre conciliant et ne cherche même pas à échapper à la question. Sa voix s’élève à peine par-dessus le bruit de l’eau chaude s’échouant contre les parois de la douche. Elle me fait l’impression d’une longue caresse le long de ma peau, un peu de la même manière que ses doigts qui glissent dans mon dos. Je me laisse faire sous son touché. Mes pensées se concentrent sur ses mots, sur les images qu’ils transportent, pour mieux m’imprégner de son histoire et pour mieux échapper à la mienne. J’imagine sans peine les scènes qu’il me décrit. Quelque chose se fronce en moi lorsque je découvre qu’il a été voué à lui-même dès les premières secondes de sa nouvelle existence. Ça me noue le cœur. Je n’ose pas concevoir la peur qu’il a dû ressentir en sentant cette chose en lui, la faim dévorante, les questions, l’absence de réponse, lourde et oppressante, et le poids étouffant de la solitude. Je n’aurais jamais pu faire face à cette situation, à me retrouver seul avec moi-même et avec cette créature sanguinaire qui nous ronge de l’intérieur. Ma présence ici le prouve bien.

    Mes yeux se rouvrent lorsque son front quitte le mien. L’eau rougie par le sang dilué finit de s’écouler à nos pieds. C’est con, mais je me sens déjà mieux. Voir cette couleur maudite quitter mon corps pour disparaître dans les tuyauteries m’aide à sortir de cette étrange torpeur qui m’encercle depuis tout à l’heure. Az continue de parler, de ce même timbre chaud et apaisé. Finalement, rien n’a changé. L’univers ne s’est pas arrêté de tourner. J’ignore si c’est une bonne chose. Mais je sens peu à peu l’étau de la culpabilité commencer à libérer doucement mes esprits. Mes mains relâchent le visage du vampire. A la place, je chasse l’eau qui noie mes yeux et repousse mes cheveux en arrière. Lorsqu’il évoque à nouveau sa famille, je retrouve enfin son regard. Je guette les émotions qui pourraient se trahir sur ses traits. L’envie de creuser dans cette voie reste sagement enfoui au fond de moi. Ce qui s’est passé la dernière fois que j’ai voulu en apprendre plus là-dessus reste encore marqué au fer rouge dans ma mémoire. Et perdre Az est la dernière chose dont j’ai envie sur cette foutue planète.

    Une petite moue déforme mes lèvres lorsqu’il termine son histoire. Le vampire originel. Il n’a jamais connu son créateur. Cet aspect de son passé me paraît beaucoup trop sérieux et beaucoup trop lourd à porter pour que je puisse m’y frotter. Je préfère récupérer le savon à mon tour et me perdre dans la sensation de la mousse entre mes doigts.

    - Ce n’est pas plus mal, lancé-je dans un demi-sourire plus ou moins assuré. Je n’aurais pas supporté de partager la chambre avec un troisième vampire.

    Je relève les yeux vers lui et hausse légèrement les épaules, plus à l’aise avec l’idée de le taquiner. Qu’est-ce qui se serait passé si Az avait été pris en charge par le vampire originel à sa renaissance ? Son chemin aurait probablement été tout autre, et n’aurait peut-être jamais croisé le mien. Je m’applique à chasser cette idée avant qu'elle n'ait le temps de s’incruster dans ma tête.

    - Il t’en reste, là.

    Je lève un bras pour venir effacer quelques fines tâches carmin sur sa joue. Mes yeux s’attardent un instant sur ce morceau de peau, avant que mes paumes ne viennent à leur tour glisser contre son corps. Tout comme lui peu auparavant, je prends le temps de gommer toute trace sanguine que l’eau brûlante n’aurait pas déjà emporté. Lorsque tout s’avère être nettoyé, et lorsque la température du jet commence doucement mais sûrement à décliner vers le froid, je laisse un soupir fatigué traverser mes lèvres.

    - Et si on allait se planquer devant la télé pour le reste de la nuit ?

    Quoi qu’il arrive, une chose reste certaine ; je ne suis pas prêt de quitter les murs sécuritaires de l’appartement avant plusieurs levés de soleil.
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