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  • Galway, 2050. Des années sont passées depuis la Grande Guerre opposant les êtres surnaturels de la région. Tous ont été découvert, tous ce sont battus pour le pouvoir et la liberté, jusqu’à ce qu’enfin, une paix fragile soit rétablie dans la ville. Tous se retrousse les manches pour reconstruire les quartiers et leurs habitations mais personne n’est dupe. Depuis l’arrivée des Sauveurs, ce groupuscule de croyants s’étant donné pour mission de décimer la population surnaturelle, les tensions sont d’autant plus forte. Personne n’ose leur résister de peur de ce qui pourrait se produire, même le Maire de la ville a bien du mal à faire face à ses nouveaux arrivants. Serez-vous pour ou contre leur révélation divine ? Que seriez-vous prêt à faire pour sauver votre cité ? Personne n’est à l’abri, personne ne sait ce qui va se passer. La tension monte. Serez-vous là pour prendre par à cette nouvelle ère ?

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    Neven E. Miller
    Neven E. Miller
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    Blood in my eyes ♦ Azeven Empty Blood in my eyes ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 11:08
    J’ai l’alcool mauvais ce soir. A presque cinq heures du matin, je n’ai toujours pas réussi à me sentir bien, malgré tout le fric que j’ai claqué en boissons tout aussi néfastes les unes que les autres. L’ambiance particulière de la Nouvelle-Orléans plongée dans le noir me saisit lorsque je quitte la boîte de nuit. Je n’arrive pas vraiment à déterminer si quitter le brouhaha ambiant et assourdissant de l’établissement me fait réellement du bien. Une voix en mon fond intérieur me souffle malgré tout qu’il est grand temps de rentrer à la maison.

    Mes baskets traînent sur le trottoir tandis que je m’éloigne. Mon ouïe s’habitue lentement aux sons de la ville faussement endormie. Quelques vrombissements de voiture flottent par-dessus les bâtiments. Si on tend l’oreille, il est possible de deviner les contours du grabuge d’une fête qui s’achève à l’autre bout du quartier. Et juste devant moi, à deux-trois lampadaires de là, un groupe de nanas complètement jetées rit aux éclats.

    Leur joie m’agresse avant même que je ne les atteigne. Mes jambes décident de changer de direction au dernier moment, préférant tourner à l’angle de la boîte de nuit plutôt que de croiser la bande à Barbie. Mais bientôt, deux autres paires de pas se font entendre dans mon dos. Je sens les petits poils de ma nuque se hérisser, comme un sombre avertissement, avant même que la voix d’un des deux mecs ne m’interpelle.

    Si je l’ignore royalement la première fois, je me sens obligé de ralentir le pas et de me retourner la deuxième fois. D’un regard noir et hostile, je leur fais silencieusement comprendre que non, j’ai pas de clope pour les dépanner.

    - Pourquoi tu te barres comme ça ? De quoi t’as peur, hein ? J’ai pas trop apprécié la manière dont t’as regardé ma copine tout à l’heure …

    La sale gueule des deux mecs, combinée à la stupidité de la remarque, me fait hausser un sourcil désabusé. Je suis en train de comprendre qu’ils ne vont pas me demander de cigarette. Ni l’heure. Ces deux connards sont là pour se défouler et chercher les emmerdes. Il est pratiquement improbable que j’ai lancé le moindre coup d’œil à sa « copine », si toutefois une tronche de cul comme la sienne ait vraiment réussi à en attraper une. Et ceci pour la simple et bonne raison que je suis gay jusqu’au bout des doigts. Mais c’est peut-être l’aveu qu’il essaye de m’extorquer alors que son pote ricane à côté.

    - J’en ai rien à foutre de ta pute.

    La réponse est tombée comme du cristal sur du carrelage. La nuit semble retenir son souffle tandis que les deux types paraissent difficilement digérer le mépris venimeux de mes mots.

    - Qu’est-ce que t’as dis ?

    Une paume furieuse vient frapper mon épaule pour me pousser en arrière. Je recule de deux pas. Ça me suffit amplement pour sentir le mélange d’alcool bouillir avec rage dans mon estomac. En un instant, le sang bat furieusement contre mes tempes.

    - Repose jamais tes mains sur moi, grondé-je, menaçant.

    Mes interlocuteurs sont là pour jouer des poings. Ça tombe mal, je suis vraiment pas d’humeur à me laisser marcher sur les pieds par deux tas de merde.

    - Ah ouais ? Et qu’est-ce qu’une tarlouze comme toi va faire, hein ?

    Mes poignes se referment sur le col de son t-shirt avant que je ne le colle sans ménagement contre le mur. Son nez émet un craquement désagréable lorsque mon poing s’abat sur lui. Une douleur vive s’éveille dans mes phalanges. Je peste, et relâche ma prise. Son pote n’en attend pas plus pour voler à son secours. Je suis repoussé dans la petite ruelle dégueulasse derrière la boîte de nuit. On me pousse contre l’une des énormes bennes qui dégueulent de détritus. Mon corps encaisse. Je retrouve un équilibre précaire et bondis sur mon nouvel adversaire pour lui jeter ma haine au visage.

    Une angoisse lourde crispe mon ventre. Je me revois, à Lake Charles, quelques mois en arrière. En train de bouffer le pavé pendant qu’une bande de chiens galeux me tabasse à coup de chaussures. Je refuse de revivre ça de la même manière. Je refuse de revivre l’hôpital, la douleur, l’attente folle et interminable, juste pour une paire de crevures.

    Mais c’est pourtant ce qui est en train de se passer. Deux poignes me tirent en arrière. Le gars que j’ai frappé s’est relevé un peu trop vite et le revoilà dans la partie. Un coup de talon à l’arrière de ma jambe me fait plier. Je tombe à genoux. Un cri de douleur n’a pas le temps de traverser mes lèvres. Mon premier assaillant passe ses bras sous mes épaules pour me maintenir et m’empêcher de riposter. L’autre lève déjà le poing et l’abat de toutes ses forces sur mon faciès. Encore. Et encore. Et encore.

    Bande de merdes.

    Ma bouche baigne dans le sang lorsque ce fils de pute cesse de me cogner. Ma tête tourne. Je suis sonné. La douleur pulse dans mon être. Je trouve encore le moyen d’expulser un crachat rouge d’hémoglobine aux pieds de mon bourreau, avant que son comparse ne me relâche enfin.

    Je m’écroule sur le béton humide sous le rire mauvais des deux autres. Je roule lamentablement sur le franc, puis sur mes genoux, pour essayer de me redresser. Il me faut quelques secondes pour retrouver une vision nette et passer une main tremblante sur mon visage en feu. La colère gronde au fond de moi, impuissante et opprimée. Enfin mon bras se lève pour prendre appui sur l’une des poubelles. Je me relève piteusement tandis que l’un des deux connards souffle à l’autre qu’il est temps de se barrer. Ils ont eu ce qu’ils voulaient après tout. Ils ont fracassé de la pédale.

    - Attends deux secondes …

    Je me remets piteusement sur pieds, imaginant sans doute naïvement que l’altercation était finie. Un éclat argenté attire mon regard lorsque je me retourne pour leur faire face. Celui qui a refusé de partir tient quelque chose dans la main. Quelque chose qui ressemble beaucoup trop à un couteau suisse à mon goût. Une alarme instinctive et horrifiée se met à hurler sous mon crâne. Mes pieds veulent reculer sous l’appréhension. Je trébuche, encore étourdi par le passage à tabac. Ma main me rattrape tant bien que mal contre la poubelle. Je dois faire pitié à voir.

    - Qu’est-ce que tu fous, putain …

    Ma voix est enrouée, nouée par la crainte, alors qu’un éclat réellement mauvais reluit dans les yeux du type. En deux pas, il est sur moi. Ses doigts s’incrustent dans mon épaule droite. Une fraction de seconde plus tard, la lame froide de son couteau s’enfonce dans le côté gauche de mon abdomen.

    Ma bouche s’ouvre sur un cri silencieux. L’air me manque. Les deux silhouettes se volatilisent alors que je retourne m’étaler par terre. Ma main se crispe à l’endroit où son arme s’est enfoncée. Je saigne, putain. Je saigne ! Le sang est chaud et poisseux à travers mon t-shirt troué. Cet enfoiré m’a poignardé. Je vais crever. Je vais crever dans les ordures, à deux pas d’une salle remplie de drogués en train de se trémousser sur une musique obscène.

    La seule image qui me vient alors que la souffrance qui irradie de ma blessure béante me rend complétement fou, c’est le visage de ma sœur. Mon cœur se presse. Je peux pas partir comme ça, bordel. Un sanglot reste coincé au fond de ma gorge. Je suis terrifié.

    Je veux pas mourir.
    Azenor de Castellane
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    Blood in my eyes ♦ Azeven Empty Re: Blood in my eyes ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 11:09
    Enfin, je m'éclipse, c'est la fin de mon service. Je quitte l'ambiance endiablée et chaude de la boite pour retrouver l'air frais de la nuit. Je m'allume une cigarette par automatisme,recrachant la fumée de la première bouffée en prenant la route. J'ai à peine fait un pas qu'une odeur une odeur particulière me heurte les narines. L'odeur du sang. Forte, intense, elle me prend violemment aux tripes alors que je suis déjà occupé à chercher d'où elle peut venir. L'odeur irrésistible m'amène jusqu'à l'entrée de la ruelle derrière le bar. Ça vient de là c'est certain. Mon regard fini par tomber sur la source. Il est là, au sol, se vidant de son sang dans les détritus. Je suis incapable de résister. J'approche rapidement et tombe sur son visage faiblement éclairé par la lampe de la sortie de secours. Et là, je le reconnais. C'est lui. L'inconnu. Celui qui me fait tourner la tête depuis quelques jours. En une seconde, je réalise la gravité de la situation. Mes yeux rencontrent sa plaie dégoulinante de sang alors que je me fais violence pour ne pas me jeter dessus. Il va mourir si je n'agis pas rapidement.

    Mes yeux cherchent les siens alors que ma machoire se serre. C'est hors de question. Hors de question qu'il meure, ici et maintenant.

    " Ca va aller. Je te le promet."

    Ma main s'invita dans la sienne, la serrant le plus possible alors que j'approchais son cou, retrouvant la marque que je lui avais fais quelques jours plus tôt. Je ne m'en formalisais pas, descendant mes lèvres plus bas avant de mordre dans sa chair. Je voulais qu'il ne souffre plus, qu'il se laisse aller sous ma morsure que j' espérais la plus douce possible. Je gémis contre sa peau, fermant les yeux alors que je me serrais contre lui. Le goûter m'avait cruellement manqué. Il m'avait cruellement manqué. Je refuse de te laisser mourir.

    En quelques secondes, ma tâche fut accomplie. Je m'éloignais de son cou pour me glisser en dessous de lui, le laissant s'adosser contre moi. Je mordais mon poignet pour le lui offrir, le glissant jusqu'à sa bouche tout en lui murmurant mes mots à l'oreille.

    " Bois, vite."
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    Blood in my eyes ♦ Azeven Empty Re: Blood in my eyes ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 11:10
    J’ignore combien de temps s’est écoulé alors que je suis là, à divaguer dans l’obscurité et l’odeur d’urine. Quelques secondes peut-être, ou dix minutes, ou peut-être bien une heure. Tout ce dont j’ai conscience, c’est de la douleur qui crispe mon corps et du sang qui me quitte, qui ruisselle inlassablement entre mes doigts. Mon cœur bat à toute allure contre mon torse. Mais je commence à ressentir sa fatigue, au même titre qu’un froid mortuaire qui m’enveloppe doucement. Je ne veux pas mourir.

    Et puis d’un coup, le visage de ma sœur disparaît. Un autre prend sa place. Je discerne sa peau pâle, ses yeux intenses et profonds, ses lèvres droites, serrées, sévères. C’est ce type. Le barman. Celui que j’ai planté sans un mot après qu'on se soit envoyé en l’air. Qu’est-ce qu’il fout là ? Est-ce que je divague ? Suis-je en train d’halluciner ? Sa voix chaude et douce coule à mon oreille. Je sens ses mains sur moi. Ça n’a plus rien à voir avec son toucher sulfureux de la dernière fois. Je le hais soudain. Je le hais d’être là. De me voir crever comme un clébard galeux. Je le hais d’avoir chassé le visage de ma petite sœur. Tu ne pouvais pas au moins respecter cette dernière volonté putain ?

    Il se penche vers moi. Ses doigts serrent fermement les miens. Son contact délicat glisse contre ma gorge. J’ai les idées trop confuses pour me demander ce qu’il fabrique. La douleur qui jaillit soudain m’en aurait empêché quoi qu’il arrive. La morsure me traverse plus vivement encore que le coup de couteau. Je me cambre alors que mes yeux s’ouvrent en grand. Mes mâchoires se serrent au point d’exploser, mais le gémissement étranglé que je retiens ne parvient pas à rester muet. Je sens le poids du corps de mon blond sur moi. J’essaye de lever le bras pour le repousser, pour qu’il arrête ça. Bon Dieu, faite que ça s’arrête ! Je halète, sentant toutes mes forces décliner une par une. Mes doigts ne parviennent qu’à agripper le col de sa veste et ses cheveux. Je ne peux rien faire. Juste attendre que cette souffrance prenne fin. Enfin …

    Lorsqu’il bouge et me libère, mon esprit s’est perdu dans le ciel nuageux qui flotte devant mes yeux. C’est con. La dernière fois, les étoiles étaient magnifiques. Ce soir, je n’y aurais même pas droit.

    Il me bouge. Ses bras m’entourent, me hissent, me serrent contre lui. Ma tête retombe durement contre son torse. Il parle à nouveau. Un ordre. Encore. Qu’est-ce que je détester ça. J’ai envie de lui dire d’aller se faire foutre. Mais il présente son poignet contre ma bouche. Sa peau est brûlante et humide. Lorsque je réalise que c’est du sang qu’il colle contre mes lèvres, un éclair de lucidité rassemble mes dernières forces pour essayer de me sortir de là. J’en peux plus de tout ce rouge. Laisse moi à mon sort, sale taré ! Je secoue la tête pour lui échapper. Sa main libère sa prise sur mon buste pour venir maintenir mes cheveux. M’obligeant à rester en place, il presse plus fermement son poignet contre mes lèvres. Son sang coule sur mon menton. C’est horrible, c’est dégueulasse. Mes jambes se débattent mollement dans le vide. Mes ongles s’incrustent dans le cuir de son blouson, suppliants, désespérés. Mais rien n’y fait. L’odieux breuvage finit par atteindre ma langue alors qu’il force un passage entre mes dents serrées. Je me crispe. Je lutte encore, essayant de recracher. Loin de céder, il préfère me laisser m’étouffer et ingurgiter le liquide à travers deux toux frénétiques, sans jamais bouger.

    Je sens son souffle apaisé contre mon front. Des larmes salées perlent à mes yeux. Ce qu’il m’a fait avaler n’a rien de normal. Je le sens, là, au fond de moi. C’est déjà en train de bouger. En train de se déployer. Lorsque ça se réveille pour de bon, je regrette amèrement que l’autre enfoiré ne m’ait pas directement tranché la gorge avec son couteau. J’ai l’impression que mon corps se déchire de l’intérieur. La douleur est atroce. Inimaginable. Ma chair se consume de l’intérieur, attaquée par une force phénoménale et contre-nature. Mes cris meurent contre le bras du barman aussi inébranlable que de la pierre. Cette fois, les larmes reluisent pour de bon sur mes joues. Mes doigts serrent une dernière fois la manche de sa veste. Finalement ma vision se trouble. Mon cœur s’agite et s’emballe d’une manière irrégulièrement. Ses battements frappent lourdement sous mon crâne. De plus en plus fort. De plus en plus présent.

    Et puis, enfin, plus rien.
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    Blood in my eyes ♦ Azeven Empty Re: Blood in my eyes ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 11:11
    Evidemment, il refuse d’obéir à mon ordre. Il résiste, mais je le maintiens fermement contre moi pour qu’il n’ai d’autre choix que de boire mon sang. Je reste imperturbable alors que mon regard surveille la ruelle, pour être certain que personne ne viendra se joindre à nous. Il fini par s’étouffer en avalant le liquide, alors qu’une pointe de culpabilité me traverse le corps. Je le serre plus fortement contre moi alors que son corps réagit bien vite au breuvage. Je suis désolé. Vraiment désolé que ce soit aussi douloureux. Ce sera bientôt fini, en quelques secondes alors qu’il s’accroche désespérément à moi, sa prise se fait de moins en moins serrée, jusqu’à ce qu’enfin, il arrête de bouger. Je serre les dents en constatant que sa souffrance s’est enfin apaisée. Je suis désolé.

    D’un mouvement, je me redresse en le hissant sur mon dos. Je m’assure qu’il n’y ai toujours personne avant de prendre mon élan, nous ramenant chez moi en quelques secondes seulement. Je le dépose sur le canapé, reprenant mon souffle en le dévisageant. Il a l’air tellement apaisé à cet instant, plongé dans son sommeil de mort. Mais qui à bien pu lui faire ça bon sang ? Aucune importance pour le moment. Dans quelques heures, lorsqu’il se réveillera, il aura faim. Une faim qu’il n’arriva jamais à contrôler. Et personne ne pourra l’arrêter.  Pour le bien de tous, il valait mieux qu’il reste ici. Au moins le temps que sa transformation soit complète. Mais bon sang, dans quelle merde est-ce que je m’étais encore fourré au juste ?

    Soupirant contre moi-même, je me débarrassais de ma veste avant de m’allumer une cigarette. Je l’installais plus confortablement dans le canapé, attachant l’un de ses poignets au radiateur juste derrière. Je n’avais pas le choix. Il allait être déstabilisé, il allait vouloir s’enfuir à la première occasion. Je refusais de prendre ce risque. C’était hors de question. Cela fait, je m’emparais de mon téléphone. Il allait lui falloir du sang. Frais de préférence. Et quoi de mieux pour ça qu’une poche de sang grandeur nature ? En m’appuyant à ma fenêtre, je composais le numéro de mon contact. Il serait là dans quelques heures. Parfait. Enfin, encore fallait-il que mon inconnu accepte de se nourrir. Un petit coup de pouce sera sans doute le bienvenu pour le convaincre. Et j’avais ma petite idée là dessus.

    Combien d’heures passèrent alors que je tournais dans mon salon pour m’assurer qu’il allait bien ? Beaucoup trop vu la tête de mon cendrier à présent rempli à ras bord. Ca me rendait dingue. Et je n’en pouvais plus de le détailler lorsque je m’asseyais enfin sur ma table basse, juste en face de lui. Depuis quand est-ce que je n’avais pas eu de progéniture ? Très longtemps. Et il y avait bien une raison à cela. Et maintenant, en quelques secondes seulement, j’avais à nouveau changer ma vie pour ce parfait inconnu. Un innocent qui c’était retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Il allait sans doute m’en vouloir mais j’étais heureux d’être arrivé à temps.

    Mes doigts se glissèrent sur son front dans un geste de tendresse, constatant les effets de mon sang sur ses blessures qui commençaient déjà à se refermer. Je me relevais alors, allant chercher des vêtements propres et une bassine d’eau chaude avec son éponge.  Je déposais le tout sur la table basse avant de le défaire de ses liens. Je le débarrassais de son t-shirt, m’emparant de l’éponge que je glissais sur les traces de sang qui marquaient son corps. Mes gestes étaient appliqués alors que mes yeux suivaient les courbes de son corps. Ils l’avaient vraiment tabassé, en plus du couteau qui lui avait sans doute porté le coup de grace. Je ne m’en voulais que d’autant plus de l’avoir fait souffrir en voulant lui porter secours.

    Laissant mes pensées flotter dans mon esprit, j’appliquais le même traitement au bas de son corps avant de l’habiller d’un t-shirt et d’un jogging propre, le débarrassant de ses chaussures. Cela fait, je m’attelais à ses cordages aux poignets. C’était bien mieux ainsi. Je mis ses vêtements de côté avant de ranger la bassine, puis revint m’asseoir à ma place initiale, reprenant une cigarette par pur automatisme. Je le couvais du regard un instant avant de glisser mon attention sur l’heure avec impatience. Il n’y avait plus qu’à attendre.
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    Blood in my eyes ♦ Azeven Empty Re: Blood in my eyes ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 11:12
    Un frémissement. Au fond de moi. Et soudain, un douloureux battement de cœur me perce la poitrine. Mes yeux s’ouvrent brusquement en grand. Mon bouche se descelle et je prends une gigantesque inspiration. L’air qui file dans ma trachée jusqu’à mes poumons me brûle. J’ai la sensation d’avoir retenu mon souffle beaucoup, beaucoup, trop longtemps. Mes épaules retombent contre le support qui m’accueille. Mon torse se soulève encore vivement, pour attraper le plus d’oxygène possible. Mon regard reste fixé sur le plafond au-dessus de moi. Les étoiles, elles ne sont plus là. Un flot d’images et de sensations m’envahit l’esprit. Il y a la nuit, il y a la rue. Il y a ces deux hommes, puis le sang. La lame qui perce ma peau. L’humidité du sol, l’odeur putride des lieux, la pénombre austère et oppressante. Il y a les fantômes, mes fantômes. Ce regard ensorcelant. Et enfin la douleur. Tenace et inaltérable. Le néant. Et à présent, il y a cette sensation dérangeante sous ma peau.

    Elle est presque palpable. Je la sens fourmiller en chaque recoin de moi. Mon corps entier semble grincer comme une vieille porte rouillée. Il proteste lorsque j’essaye de bouger. Mes muscles sont bien trop ankylosés. Je me redresse tant bien que mal en luttant pour retrouver une réflexion cohérente. Une crainte coriace me pousse et me force à me remuer. Je ne reconnais pas cet endroit. Je ne sais pas ce que je fais là. Je devrais être mort.

    La gravité m’aspire. Je prends conscience trop tard de l’étroitesse du canapé qui me supporte. Je glisse entre les coussins, et me retrouve à bouffer les lattes du parquet dans un grognement étouffé. C’est à ce moment-là que je remarque les liens autour de mes mains. J’en chie pour me redresser et m’asseoir. Mes yeux tombent sur les cordages. Putain de merde, mais c’est quoi ce bordel ?!

    Brusquement, sa présence m’emplit, avant même que je ne croise son regard. J’ai un mouvement de recul en remarquant qu’il est là. Tout près. Avec ses mêmes cheveux blonds désordonnés et cette même expression indéchiffrable logée sur le visage. Mon dos rencontre le canapé avant que je n’ai pu aller bien loin. Mon second réflexe s’avère être un regard meurtrier que je lui adresse.

    - A quoi tu joues bon sang ?! Détache moi !

    Ma voix gronde entre mes dents serrées. Quelque chose me retient de lui balancer une avalanche d’insultes et de rancœur. La situation ne va pas s’arranger juste parce que je le lui ai demandé. Ça ne sera pas si simple, pas besoin d’avoir fait de longues études pour s’en douter. Je déglutis difficilement.

    - Ecoute, je sais pas ce que tu veux … Mais j’ai pas d’argent. Je suis complètement fauché.

    Je rouvre les yeux sur lui. Cette fois je sens réellement quelque chose s’agiter au plus profond de ma chair. C’est monstrueux et … c’est affamé. Ma respiration s’emballe alors que la panique agite à nouveau le sang dans mes veines. La faim qui me tort douloureusement le ventre est terrifiante. Mon esprit s’embrume encore, me rendant incapable de retracer le reste de la soirée, de comprendre ce qui s’est passé. Il m’a forcé à avaler quelque chose. Mais … Ma gorge se noue d’angoisse.

    - Qu’est-ce que tu m’as fait …
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    Blood in my eyes ♦ Azeven Empty Re: Blood in my eyes ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 11:14
    Enfin, il sort de sa torpeur en un coup. Il se relève en cherchant son air sous mon regard alors soulagé d’un énorme poids. Oh bordel, il est vivant ! Je soupire de soulagement alors que mes yeux l’observent prendre son premier souffre de vie. Sa nouvelle vie. Sa peau est pâle, ses yeux me paraissent plus noirs encore qu’auparavant. Il s’agite, tente sans doute de recoller les morceaux ensemble dans sa tête alors que je n’ai pas bougé d’un poil, le regardant de mon point de vue, toujours assis sur ma table basse, une éternelle cigarette glissée entre deux de mes doigts. Putain, il est vivant. J’ai réussi. Je l’ai sauvé. Même si il ne va sans doute pas voir les choses ainsi. Son regard me heurte enfin alors que le mien se fait le plus doux possible. Je ne veux pas l’effrayer. Je ne veux pas qu’il ai peur. Tout ça est déjà bien assez déstabilisant ainsi. Son regard devient meurtrier. Il y aurait pu, il m’aurait déjà tué.

    « Calme toi... »

    Mais rien y fait. Ce serait trop simple. Il me gueule dessus de sa voix grondante, faisant fuir mon regard l’espace de quelques secondes. Je suis désolé. Je ne peux décemment pas le libérer comme ça. Gardant mon calme, j’attends qu’il se stabilise, de le voir se serrer le plus possible dans le canapé pour tenter de s’éloigner le plus possible de moi avant d’à nouveau glisser ma clope entre mes lèvres, prenant une bouffée de nicotine, une de plus. C’est comme si elle me passait à travers. J’ai l’impression que tout cela n’a rien de réel. Lui, ma clope, cette soirée. Peut-être que c’est juste moi qui est en plein délire. Ma main glisse dans mes cheveux avant de venir se poser sur ma bière reposant sagement à mes côtés. J’ai besoin de m’hydrater, besoin d’un minimum d’alcool pour ce qui va suivre. Et lui aussi en aura sans doute besoin, à un moment ou à un autre.

    « De quoi est-ce que tu te rappelles de la nuit dernière ? »

    Allons droit au but, ce sera plus simple pour tout le monde. Je veux savoir ce dont il se rappelle autant que ce qu’il a oublié. A quel point est-ce qu’il me prend pour un taré à cet instant précis ? Les liens n’aident pas à ma cause, évidemment.

    « Je suis désolé de te l’apprendre comme ça mais... Tu es mort hier. Je suis désolé. »

    Mes yeux se marièrent aux siens, lui accordant un regard empli de toute la peine que cette nouvelle pouvait m’inspirer. Il était mort hier. Dans cette ruelle, agonisant de tout le sang qu’il avait déjà perdu avant mon arrivée. Il n’aurait pas pu mourir d’une manière plus atroce que celle-la. Je soupirais en ouvrant à nouveau la bouche, continuant sur ma lancée.

    « Lorsque je t’ai trouvé, tu agonisais. Je ne voulais pas te laisser mourir alors... J’ai fais ce qu’il fallait pour que tu vives. »

    A nouveau, je pris une pause, le laissant encaisser toute l’ampleur de mes paroles.

    « Je t’ai offert une nouvelle vie. La même que la mienne. J’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur. »

    A nouveau, je pris une gorgée de bière et une bouffée de ma cigarette, venant l’écraser dans le cendrier débordant à côté de moi.

    « Tu es devenu un vampire. Un buveur de sang. Et cette faim que tu ressens, au fond de toi, qui gronde à te rendre malade, c’est le besoin de sang. »

    Il allait définitivement mon prendre pour un taré. Je ne savais pas comment lui expliquer les choses autrement que comme ça. Le plus simplement du monde, me tenant prêt à tout instant à encaisser sa réaction, qu’elle quelle soit. Et dire que je ne connaissais même pas son nom. Pour prouver ma bonne fois, je lui tendais ma bière à moitié vide, lui offrant un sourire réconfortant.

    « Bienvenue dans ta nouvelle vie. Et au fait, moi c’est Azenor. »
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    Blood in my eyes ♦ Azeven Empty Re: Blood in my eyes ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 11:15
    Aussi surprenant que ça puisse paraître, il ouvre la bouche. Il parle. Il explique. De sa voix calme et caressante et de ses yeux rassurants, il répond à ma question. Et pourtant, chaque mot qu’il prononce me fait l’effet d’une gifle. D’un nouveau coup de couteau qui me cloue le ventre. Tu es mort hier. Son regard ne me quitte pas et ne vacille pas un seul instant. Ses lèvres bougent, mais j’ai l’impression d’être sourd. Seules quelques bribes de phrases viennent me percuter le crâne d’une violence inouïe. J’ai fais ce qu’il fallait pour que tu vives. La cigarette valse entre ses longs doigts pâle et sa bouche. L’odeur me saute à la gorge. C’est agressif, bien plus que d’habitude. Ça me monte à la tête et me donne la tournis. Je lève mes poignets liés pour passer mes mains sur mon visage. Je reste ainsi un moment, les yeux clos, à l’écouter déblatérer tout un tas de conneries que je ne comprends pas. Tu es devenu un vampire. Un buveur de sang. Ferme ta gueule. Pitié. Ferme ta putain de gueule.

    Enfin le silence se fait. Je retire mes mains lentement en prenant une longue inspiration fébrile. J’ai l’impression de marcher à côté d’un précipice. J’ai l’impression que je pourrais tomber à tout instant, et devenir complètement fou. Un long frisson remonte le long de mon échine alors que je plonge à nouveau dans le bleu de ses yeux. J’aurais pu y déceler beaucoup de compassion, si j’en avais eu quelque chose à foutre. Il se présente enfin et me tend une bouteille de bière pour que je m’en saisisse. Au lieu de ça, je lui renvoie un regard empreint de haine.

    - T’es complètement cinglé.

    Ma voix gronde sourdement. Peu à peu je sens mes nerfs en train de lâcher. Je sens la peur se mêler à la fureur qui éclate sous ma peau, à cette faim vorace et animale qui me ronge de l’intérieur.

    - T’es complètement cinglé, putain ! répété-je en criant cette fois. Détache moi !

    Je tire furieusement sur la corde qui me relie à son radiateur. Pour quoi est-ce qu’il m’a pris ? Son foutu clébard ? Il espère pouvoir me raconter ses histoires à la con et me tapoter la tête juste après, avant d’aller avaler ses médicaments ? J’ai dû faire un truc sacrément dégueulasse dans une vie antérieure, pour que le karma s’acharne comme ça sur moi. Malheureusement le lien ne cède pas, bien que le plâtre du mur semble protester quelque peu.

    J’enrage. Je crois que je pourrais le tuer tant les émotions se bousculent et se heurtent en moi. Il y cet instinct qui s’est réveillé, ce truc profond et insaisissable, qui me pousse à lui vouloir lui sauter à la gorge. A tout détruire pour mieux déverser ma colère.

    Un goût métallique se répand alors sur mes papilles. Je saigne. Je crois que je me suis mordu. Trop emporté que je suis, je ne m’en formalise pas. Je bondis sur mes pieds, brisant la sage distance de sécurité entre nous pour fondre sur lui. Jusqu’à ce que le cordage autour de mes bras ne m’arrête brutalement, à quelques centimètres de son visage impassible. La fumée de sa clope se déploie lentement entre nos deux regards qui se confrontent.

    - Je m’en cogne de tes histoires de grand malade, articulé-je avec hargne. Je pense que t’as vraiment besoin de te faire soigner. Je me fiche de qui tu es, ou de ce que t’as fait hier soir au lieu d’appeler les secours. Tu vas me laisser rentrer chez moi, sinon je te jure qu’une fois que je me serai débarrassé de ça, putain, j’te fais la peau.  


    Dernière édition par Neven E. Miller le Mer 6 Nov - 11:15, édité 1 fois
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    Mer 6 Nov - 11:15
    « T’es complètement cinglé. »

    A cet instant, je sais que c’est foutu. Exactement comme je le craignais, il ne me croit pas. Pas une seule seconde. Le choc est trop grand, trop intense pour qu’il le supporte. C’est plus facile de me croire fou. Bien plus facile. Je l’observe, l’écoute sans scier lorsqu’il commence à crier à mes oreilles. Il tire sur les cordages, je sens sa colère commencer à prendre le dessus sur tout le reste. Et puis, il explose, son élan n’est arrêté que par ses liens rattachés au radiateur. Le mur pourrait céder, à un moment où à un autre. Et je me sens prêt au cas où ça arrive. Je me tiens prêt à réagir, à lui bondir dessus pour le calmer, mais pour le moment, je n’ai toujours pas bougé d’un pouce. Pas plus lorsque son visage enragé se retrouve à quelques centimètres à peine du mien. Mes yeux s’arriment patiemment aux siens alors qu’il me largue toute sa haine. Dommage.

    « Tu devrais faire attention... »

    Mes doigts approchent son visage, l’un d’eux venant caresser l’un de ses crocs qui dépasse de sa bouche. Ce serait dommage qu’il abime sa jolie bouche plus que de raison. Mon contact se meurt alors qu’un soupir passe enfin mes lèvres. Je me doutais de cette réaction. Et je me remercie d’autant plus de l’avoir solidement attaché avant son réveil. Qu’est ce que ça aurait été si il s’était échappé aussitôt avoir ouvert les yeux ? Il se serait jeté sur la première personne qu’il aurait croisé. Enfin alors, je m’éloigne sensiblement, puis me relève pour m’étirer après avoir reprit une gorgée de bière. Une autre clope me fera pas de mal. Je prends mon temps pour l’allumer, puis mon regard se pose une nouvelle fois sur lui.

    « Fait moi signe quand tu seras calmé. »

    Je m’éclipse sans plus de cérémonie, emportant le cendrier plein avec moi. Il lui faut du temps pour digérer tout ça. De toute façon, notre repas n’arrivera que dans quelques heures en théorie. C’est assez pour qu’il se calme. Ne serait-ce qu’un peu. Enfin c’est ce que j’espérai
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    Mer 6 Nov - 11:18
    La frustration est grande alors qu’il est juste là, tout près. Hors d’atteinte. Il reste d’un calme impassible, à simplement soutenir mon regard. Mes menaces n’ont pas la moindre prise sur lui. Foutu taré. Je fulmine intérieurement en serrant les dents. Je le vois soupirer, presque peiné, puis se détourner et s’éloigner. Il emporte tout avec lui. Les cigarettes, la canette de bière, et l’aura pénétrante de sa présence. Mais qu’est-ce qu’il fait ? Je reste estomaqué quand le sens de ses mots vient percuter mon esprit embrumé de colère.

    - Quoi ?

    Ma bouche s’ouvre dans le vide. Mes sourcils se froncent dans un mélange d’incompréhension et de fureur. Je le vois traverser le salon avec flegme, sans plus m’accorder la moindre once d’attention. Lui faire signe quand je serai calmé ?!

    - Tu te fous de ma gueule ?!

    Je pousse sur ma voix pour l’interpeller, mais il a déjà passé le pas d’une porte. J’ai bien l’impression d’halluciner en voyant le mystérieux panneau claquer dans son sillage. Mes mains tirent sur leur entrave. C’est une putain de blague, n’est-ce pas ?

    - Reviens ici ! EH ! Je te parle ! Enlève moi tes saloperies, nom de dieu !

    La porte reste résolument close. La corde résiste encore sous la pression que je lui inflige.

    - Putain de barjo ! hurlé-je en dernier recours.

    De rage, je balance un coup de pied dans la table basse où il était assis quelques instants plus tôt. Le meuble recule comme s’il était aussi léger qu’un bloc de polystyrène. Je m’effondre au fond du canapé. Mon visage retrouve la sécurité de mes paumes, et mes doigts leur prise dans mes cheveux. Cette situation va me rendre fou. Probablement autant que mon hôte dégénéré.

    Et cette sensation au creux de mon estomac, qui se fait toujours un peu plus pressante à chaque seconde qui passe. Jusqu’où gagnera-t-elle du terrain ? Ma gorge se noue dans le silence désormais pesant de l’appartement. Je ne comprends rien à ce qui m’arrive. C’est terrifiant.

    Au bout d’un moment, je parviens à calmer l’angoisse qui guette en moi. Je frémis en me redressant sur le sofa. Tout me semble beaucoup plus intense depuis que j’ai ouvert les yeux. Les couleurs sont plus vives, les odeurs plus marquées. Les sons les plus discrets viennent bercer mon oreille. Même le contact du tissu du fauteuil sur ma peau me paraît plus prononcé. Peut-être que ma chute d’hier soir a dérangé quelque chose dans ma tête, peut-être que je suis devenu particulièrement sensible et réceptif. C’est possible une telle connerie ? A cette pensée, les événements de la veille reviennent occuper mon esprit.

    Quelque chose ne va pas.

    Je ferme les yeux et grimace, luttant pour réfréner la peur qui me crispe les entrailles. Mes doigts liés frôlent la couture de mon t-shirt. Ils se glissent en dessous, parcourent mon ventre, et palpent la peau sur mon flanc gauche.

    Rien. Il n’y a rien.

    Juste une surface lisse. Parfaitement lisse. Pas la moindre cicatrice, pas la moindre douleur. On m’a poignardé il y a moins de vingt-quatre heures, et je n’en ai pas gardé la moindre séquelle.

    - Merde, c’est pas vrai … murmuré-je tout bas.

    C’est impossible. Il y a forcément une explication. Les paroles d’Azenor soufflent encore à mes oreilles. Tu es mort hier. Et pourtant je suis en vie. Qu’a-t-il dit d’autre ? Il a parlé de cette faim dans mon ventre. Il savait. Il a utilisé ce mot improbable aussi, « vampire ». Je le revois penché sur moi à présent, par terre, dans la ruelle. Je peux presque sentir encore son souffle contre mon cou. Il m’a mordu. Comme cette autre nuit dans les toilettes. Je m’en suis rendu compte le lendemain en découvrant la marque de ses dents sur ma gorge.

    Un rire nerveux agite ma poitrine. Je n’avais pas trouvé ça effrayant devant le miroir de ma salle de bain. Si j’avais su …

    Mes yeux tombent sur mes mains attachées. Une note de désespoir me broie le cœur. Bientôt écartée par les couleurs inconnues qui attirent finalement mon attention sur le vêtement que je porte. Il n’y a plus la moindre trace de sang sur ce que je porte. Mais le plus dérangeant s’avère sans doute être le fait que je n’ai jamais porté ces fringues de toute ma vie jusqu'à aujourd'hui. C’est même la première fois que je les vois. Le psychopathe a changé ma tenue pendant ma convalescence. C’est invraisemblable. Psychopathe et pervers. Manquait plus que ça …
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    Mer 6 Nov - 11:19
    Je soupire une fois de plus en levant le nez de mon livre. Ca fait déjà des heures et il n’a toujours pas donné signe de vie. Pourtant, il n’était pas avare d’insultes lorsque je m’étais éclipsé plus tôt, choisissant d’attendre qu’il se calme. J’avais entendu un bruit sourd puis plus rien, le calme absolu. Sans doute avait-il frappé dans quelque chose. Je pouvais déjà dire adieu à mes meubles. Dans un tel état, il ne servait à rien d’insister. Il avait fallu que je tombe sur une tête brulée doublé d’un caractère bien trempé. Un vrai bonheur. Heureusement pour lui, j’adorais les défis.

    D’un coup, la sonnette retenti dans l’appartement. Mon regard cherchait l’heure alors que je me levais en déposant mon livre. Sûrement votre invité. Même si il était en avance. M’armant d’un sourire, je me glissais à l’extérieur de ma chambre, me dirigeant directement vers le interphone où je l’invitais à entrer, ouvrant déjà la porte pour l’accueillir. C’était un jeune homme brun à la peau halée, légèrement plus petit que moi. Théodore. Il était à croquer. Et c’était justement pour ça qu’il était là, même si il n’en avait pas la moindre idée. Il m’offrit un adorable sourire avant d’entrer. Sans la moindre mise en bouche, je glissais mes mains de part et d’autre de son visage après avoir refermé la porte sur lui. Mon regard se fit intense, plongeant dans ses iris pour ne plus en sortir.

    « Tu ne te souviendra de rien de cette soirée, mise à part que tu as passé un excellent moment. D’accord ? »

    Mon sourire se fit plus enjôleur alors que je découvrais le délicieux changement dans son regard. Il était à ma merci. Ce serait bien plus simple pour la suite des festivités. Cela fait, je l’entrainais devant moi jusqu’au salon, découvrant mon chat sauvage toujours dans son canapé. Discrètement, mes lèvres se glissèrent jusqu’à l’oreille de Théo, alors que mes mains se mouvaient de part et d’autres de son corps dans de légères caresses.

    « N’ai pas peur. C’est mon ami. Et à nous deux, nous avons très envie de te goûter. C’est sa première fois, je vais faire en sorte qu’il soit doux, je te le promet. »

    Mes gestes le guidèrent jusqu’au milieu du salon, où avait visiblement voler ma table basse. Imperturbable, je la remis rapidement en place avant d’ordonner à Théo de s’asseoir dessus, à l’endroit même où je m’étais assis il y a quelques heures. Enfin, j’accordais à nouveau mon attention à mon inconnu aux crocs acérés.

    « Je devine que tu as toujours faim alors... Je t’ai apporté de quoi te nourrir. »

    Mes iris plongèrent dans les siennes alors que je me plaçais dans le dos de Théo. Je m’emparais avec délicatesse de son poignet, l’avançant pour mieux le présenter à mon inconnu.

    « Mords. Doucement. Ca étanchera ta soif. »
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    Mer 6 Nov - 11:19
    Je sursaute lorsque la sonnette hurle brusquement dans le calme de l’appartement. Mon corps se meut enfin après deux longues heures passées dans la même position de réflexion intense. Les coudes visés sur les genoux, la tête entre les mains, je relève juste assez le nez pour voir mon étrange hôte ouvrir la porte derrière laquelle il avait disparu et traverser posément le salon sans s’occuper de moi. Peut-être a-t-il déjà oublié que je suis là, dans ses délires farfelus. Je grommelle quelques insultes pour moi-même, qui ne franchiront jamais l’étau sévère de mes lèvres.

    Du mouvement s’éveille dans l’appartement, et plus particulièrement du côté de ce que je devine être la porte d’entrée. Qu’est-ce que c’est encore que ça ? Le taré a invité ses amis tarés ? C’est que la fête s’annonce joyeuse, bordel de merde.

    Une odeur particulière les précède de peu. Elle me saisit brutalement le nez. L’instinct animal que j’essaye tant bien que mal de réfréner depuis plusieurs heures sursaute violemment et s’agite. Il prend soudainement de l’ampleur et devient de plus en plus menaçant. Je me crispe pour de bon et me redresse enfin lorsqu’Azenor et son nouvel invité entrent dans mon champ de vision.

    Je le regarde faire son étrange manège avec le type, un air de mépris en travers du visage. Mais qu’est-ce qu’il fabrique …

    - Ils ont tous l’air aussi attardés tes amis ?

    La pique est sortie sans même que je n’y réfléchisse. Je pense déceler là le meilleur moyen imaginable pour faire ressortir cette chose affamée et furieuse au fond de mon ventre. Pourtant mon dédain arrogant glisse sur lui sans jamais vraiment l’atteindre. J’essaye de respirer pour me calmer, mais c’est encore pire. Le parfum, que je comprends venir du nouveau-venu au regard vitreux, est d’autant plus proche que mon mal profond devient plus sombre et plus pressant.

    Le barman me parle et me tend le bras de l’homme, comme s’il ne s’agissait là que d’une foutue marionnette. Je le foudroie du regard, évitant catégoriquement de poser mon attention sur ce qu’il est en train de me présenter. Je sais que ça ne fera qu’accentuer ce contre quoi j’essaye de lutter. J’ai envie de lui faire mal, à ce type. Sans raison, mais j’en crève d’envie.

    - Et pourquoi t’irais pas brûler en enfer ?

    Un sourire ironique fend alors mes joues, avant que je ne lève mes poings liés devant moi pour lui adresser mon majeur. Je ne rentrerai pas dans tes délires bizarres, tu piges ?
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    Mer 6 Nov - 11:20
    Evidemment, il ne va pas dans mon sens. S’aurait été un miracle. A la place, Monsieur fait son difficile, m’offrant un magnifique doigt d’honneur. Bon, au moins, il est calmé. C’est déjà ça. Gardant mon aplomb, un insolent sourire s’invite sur mes lèvres en réponse au sien, diablement ironique. Il est tellement mignon en étant dans cet état, avec sa trogne en colère. Je me contente de hausser les épaules, ne baissant pas ma prise pour autant.

    « Comme tu voudras. »

    Ma tête se tourne alors vers Théo. Le jeune homme regarde dans le vide, il n’a toujours aucune réaction alors ma bouche approche de son cou, mon sourire gravé sur mes lèvres. Elles approchent de sa jugulaire palpitante, ma main libre venant se perdre dans ses cheveux sur lesquels je tire légèrement pour permettre à la peau de son cou de se tendre, me laissant libre accès à mon désir. Puis, je laisse mes crocs apparaitre, approchant de la chair avec lenteur. Mes yeux s’accrochent à ceux de mon jeune vampire, avant même qu’enfin, mes crocs percent la peau tendre de ma victime. Le sang gicle dans ma bouche, me faisant soupirer d’aise en retrouvant ce goût métallique que j’aime tant. Notre invité lui, ne peux s’empêcher de lâcher un gémissement de plaisir dans mon oreille. Dommage pour toi, il est délicieux...

    Ma prise sur ma proie se fait plus sauvage, plus pressée et malgré ça, toujours méticuleusement contrôlée. Il faut qu’il en reste pour mon beau brun, pour ne pas que le jeune Théo ne soit complètement vidé de ses forces. Alors je me permets de jouer un peu, de dégager mes crocs de la plaie dégoulinante de sang pour récolter le surplus à l’aide de ma langue. Je me veux sensuel, le regard brûlant d’envies perverses en nettoyant posément le liquide rouge roulant sur la peau halée de notre invité. Je n’ai toujours pas lâché mon chat sauvage du regard, pas un seul instant. Les instincts bestiaux ne sont jamais loin, même après des siècles d’existence sur cette planète.
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    Mer 6 Nov - 11:21
    J’ai une grimace de dégoût horrifié lorsque je le vois tirer doucement sur les cheveux du garçon pour approcher ses lèvres de sa gorge. Un frisson titanesque me remonte le long dos. Je sais ce qu’il va faire. C’est imprimé dans ma chair alors même que je refuse de l’admettre. Il a fait la même chose avec moi. Je n’en garde pas le moindre souvenir, mais la sensation reste présente et floue dans mon esprit. Quelque chose me dit qu’il en sera de même pour sa victime d’aujourd’hui.

    Je me sens clairement perdre pieds lorsque deux canines bien plus grandes que la normale se dévoilent dans sa bouche. Mes muscles se tendent, incapables d’accepter l’impossible. Ses aveux tournent en boucle dans ma tête. Vampire. Vampire. Vampire. Ça ne peut pas être vrai. Ses dents touchent la peau lisse et tendre. Elle résiste un instant, avant d’accueillir en elle les deux intruses. Je suffoque. Azenor est en train de mordre ce type juste devant moi. Et le regard qu’il me lance à cet instant me renverse complètement. Un mélange de terreur, d’adrénaline et d’excitation s’insinue dans chaque fibre de mon être.

    L’odeur du sang me percute de plein fouet. Mon corps se plie brusquement en deux pour contrôler les convulsions folles qui me secouent de l’intérieur. Ma respiration s’emballe. Un grognement plaintif résonne dans ma poitrine. Quelque chose pointe contre mes lèvres. Je suis obligé d’ouvrir la bouche lorsque ça devient douloureux. Désœuvré, je sens deux crocs derrière ma lèvre supérieure. Les mêmes que le blond sanguinaire à deux pas de là. C’est impossible ! Je retrouve ses yeux qui ne m’ont pas lâché. Je secoue la tête. Non. Non ! Je refuse ! Je le supplie du regard, pour qu’il fasse en sorte que ça s’arrête.

    Mais il ignore mes silencieuses supplications. Sa langue caresse la plaie rougie. La vue du sang fait alors tomber un voile carmin devant mon regard. Je ne suis plus maître de moi-même lorsque ma poigne se referme sur le bras humain que le vampire me tend. Je tire sur son poignet pour l’obliger à se rapprocher de moi. L’animal monstrueux au fond de mon ventre émet un feulement empreint de menaces. Mes dents pénètrent dans la chair fragile de son avant-bras. La substance écarlate qu’il contient se déverse brutalement sur ma langue. C’est du sang, putain. Et la manière que j’ai d’adorer ça me donne envie de vomir.

    Le feu de mon estomac s’apaise peu à peu dès la première gorgée. Pourtant l’instinct qui a pris possession de mon corps ne veut pas s’arrêter. Je bois comme si ma vie en dépendait, enfonçant mes doigts dans le bras de ce type en priant pour que tout prenne fin. Je croise à nouveau les yeux d’Azenor. Un gémissement désespéré filtre à travers mes lèvres voraces. C’est comme si mon corps ne répondait plus à mes désirs. Je suis incapable de m’arrêter.
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    Mer 6 Nov - 11:21
    Enfin, je le vois céder à sa nature de sa race. Ses instincts prennent le dessus alors même que j’ai croqué dans le pauvre humain qui nous sert de repas ce soir. Je vois dans l’intensité de son regard toute la terreur et l’excitation que ça provoque en lui. Je peux y lire cette frayeur lorsqu’il semble réellement réaliser toute la portée de mes mots, de tout ce que je lui ai expliqué il y a quelques heures à peine. Il se tord de douleur devant mes yeux, subit la faim qui pulse en lui tel une bête sauvage. Et puis, il craque. Je le vois s’emparer du bras du jeune homme avec force, pour mieux y planter sauvagement ses crocs. Je me retiens de grogner contre son affront. J’avais dit d’aller doucement. Ce qu’il est agaçant à ne jamais rien écouter ! Mais le résultat est là. Enfin, il avale tout le sang qui lui brûle la gorge. Son gémissement est plaintif, désespéré alors qu’il m’adresse un nouveau regard.

    Quand à moi, j’ai arrêté mon oeuvre au moment même où le petit chat aux crocs acérés s’est jeté sur notre pauvre proie. Je l’observe, guette le moment où je devrais intervenir, sachant que ce moment va arriver, de toute façon. La première fois, c’est toujours comme ça. Incapable de se contrôler, de même essayer de repousser jusqu’au fond de nous cette envie hurlante de sang. Je prends déjà un gros risque en lui offrant un humain ainsi, sur un plateau. Il pourrait tout aussi bien lui arracher le bras dans son élan. Comme je l’avais fais moi-même avec ma toute première victime. A la fin de mon premier repas, il n’en restait presque rien. Mise à part la culpabilité me rongeant de l’intérieur. C’était une autre époque. Si lointaine à présent.

    En douceur, ma main vient se glisser dans les cheveux de mon nouveau-né, tirant dessus d’un coup pour lui faire lâcher prise alors que de l’autre, j’attire Théo contre mon mon torse. Il est encore bien en vie, j’entends son coeur battre à mes oreilles. D’un sourire, je dévisage à nouveau mon beau brun, rétractant enfin mes canines.

    « Ca suffira pour cette fois. »

    Puis, ma prise sur ses cheveux se relâche. Je m’éloigne un peu, portant à nouveau mon attention sur Théo, complètement dans les vapes. Mes dents mordent mon poignet, le lui offrant en bouche en lui ordonnant d’avaler le liquide. Juste un peu, pour le remettre d’aplomb et effacer toute trace de notre passage. Le pauvre n’a presque plus de poignet, la faute à la sauvagerie de mon chat sauvage. Ca aurait pu être pire. En quelques secondes, il n’y paraissait plus rien. Satisfait, je retirais mon propre bras de sa bouche alors que j’invitais mon regard dans celui absent de Théo.

    « Tu vas rentrer chez toi maintenant. Je t’appelle un taxi. »

    Sans attendre, je le soulevais comme une plume, le temps qu’il reprenne conscience de lui-même, allant le déposer sur une de mes chaises de bar avant de m’emparer de mon téléphone. En moins de trente secondes, le taxi fut commandé. Et Théo avait déjà reprit des couleurs. Que demander de plus ? Je lui offrais un radieux sourire avant de le reconduire jusqu’à ma porte. Au moment même où il la passait, le charme que j’exerçais sur lui disparu, ne laissant qu’un souvenir déjà lointain dans sa tête.

    Maintenant, à nous deux, petit chat. Mes pas me ramenèrent dans le salon, mon regard se posant sur lui avant de chercher mes cigarettes dans un automatisme que je ne contrôlait pas. J’étais pourtant certain de les avoir laissées ici... Mes iris s’éclairèrent lorsque je posais la main dessus, à même le sol. Elles avaient dû tomber lorsqu’il avait frapper la table. Sans nul doute. Le bâtonnet rencontra mes lèvres, mes pas me conduire jusqu’à ma fenêtre que j’ouvrais à moitié, faisant enfin circuler l’air dans la pièce. Cette odeur de sang, de clope et de renfermé commençaient à me rendre malade, je ne pouvais imaginer ce que cela provoquait en lui. Puis, enfin, j’allais m’asseoir sur la table basse, toujours au même endroit, un sourire éclatant sur les lèvres.

    « Alors ? Ca va mieux ? »

    C’est seulement à cet instant que j’allumais enfin la nicotine qui trainait toujours dans ma bouche. Je pris une inspiration, mariant le goût du sang à celui du tabac. Un mélange écoeurant mais dont j’étais habitué. La fumée s’envola déjà dans l’atmosphère, mes iris ne se détachant de nouveau plus de mon amant d’un soir.
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    Mer 6 Nov - 11:22
    La prise du vampire se referme dans mes cheveux. Il m’est impossible de ne pas céder à la force dont il use alors. Mes canines quittent le bras écorché, tandis qu’un sentiment mêlant à la fois soulagement et déception m’envahit. Je reste totalement sonné et enivré. Du sang coule des deux crocs qui dépassent de ma bouche encore ouverte. Ça tâche mon menton. Azenor me libère et m’abandonne, satisfait.

    Il disparaît, emportant avec lui la loque humaine qui s’est laissée pomper le sang sans la moindre réaction. Je retombe au fond du canapé. La sensation chaude et comblée au creux de mon estomac me révulse. Ce n’est pas moi, j’ai dû rêver tout ce qui vient de se passer. Paradoxalement, je me sens vide. Tellement vide. Comme si mon âme avait décidé de plier bagage.

    Je crois que je tremble un peu lorsque je lève mes bras pour essuyer le liquide carmin collant sur mon visage. Il y a du mouvement dans l’appartement, mais je suis trop sous le choc pour m’y intéresser réellement. Ce n’est que lorsque mon hôte réapparaît à proximité que je suis ses pas du coin de l’œil jusqu’à la fenêtre. L’air frais et pur du dehors se répand peu à peu dans la pièce. Il vient se rasseoir en face de moi. J’évite son regard. Ma tête reste résolument baissée sur mes mains.

    - Non.

    Je lui fais mon aveu dans un souffle qui aurait tout à envier à mon énergie furieuse de tout à l’heure. Ce truc flippant en moi que je ne contrôle pas s’est apaisé. En ce qui le concerne, oui, tout va bien. Pour moi, en revanche … Je viens de me gaver du sang frais d’un inconnu, aussi bien que ce que j’aurais pu faire avec un verre de rhum. Mes doigts passent sur mon visage, comme pour vérifier que je suis bien éveillé.

    - C’est bon, okay ? Je te crois ...

    La fumée de sa cigarette vient me chatouiller les narines. Je déglutis. Mes lèvres brûlent de lui en réclamer une. Un peu de nicotine ne pourrait pas faire plus de mal que de bien à ce stade de la situation. Ou de demander encore à ce qu’il retire ces cordes qui me retiennent là depuis des heures. Mais c’est une toute autre question qui anime finalement ma langue, alors que mes yeux remontent confusément vers les siens.

    - J’aurais pu le tuer, hein ?
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    Blood in my eyes ♦ Azeven Empty Re: Blood in my eyes ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 11:23
    Son aveu ferait tressaillir mon coeur si il m’en restait un. Je le sens vide, enfin totalement calmé, presque désabusé. Mon regard ne le lâche pas d’un pouce alors que lui garde le sien résolument baissé sur ses mains. Bientôt, je l’imite, alors que ses mots éclairent à nouveau le silence presque pesant de la pièce. Evidemment qu’il ne va pas bien. Mais ça pourrait être pire. Bien pire même. Un soupire de soulagement s’échappe de mes lèvres néanmoins. Il me croit. C’est au moins ça. Je ne suis plus juste un fou dangereux avec lequel il a couché il y a trois jours, je suis juste, un amant d’un soir. Un vampire. Aussi simple que ça. On progresse. Mes doigts font l’aller-retour jusqu’à mon cendrier alors que je tape ma cendre dedans. Echec. Je ne l’ai pas ramené. La cendre s’est juste éclatée sur la table. Je grogne avant de me lever pour aller le chercher dans la cuisine, alors même qu’à nouveau, sa voix se fait entendre.

    « Tu aurais pu faire bien pire que ça... »

    Ma phrase se prononce alors que je me rassois à ma place, chassant d’un souffle la cendre échouée sur la table pour y placer le cendrier à la place. Puis, mes iris se posent à nouveau sur lui. Il me fait de la peine. Il a l’air vraiment mal en point. Je pense une seconde à lui enlever ses cordages pour le soulager. Sauf que, je n’ai aucune confiance en lui. Absolument aucune. Ce serait vraiment risquer de faire ça maintenant. Et si il s’échappe ? Je pourrais le rattraper sans problème, avant même qu’il ne passe la porte. J’hésite.

    « Tu crois que ça m’amuse de t’attacher ? Je sais trop ce que c’est que d’être... Incontrôlable. »

    A nouveau, je baissais les yeux, passant une main sur mon visage à mon tour. Toute cette situation était fatigante. Qu’est-ce que j’allais bien faire de lui au juste ? Le garder enfermé ici jusqu’à être sûr qu’il ne fasse pas de connerie ? Je ne savais pas. Et en le voyant comme ça, dans une telle détresse, ça n’arrangeait rien à la situation. Il valait mieux ça aux insultes. Et au moins maintenant il était rassasié. Au moins pour quelques heures. A défaut de prendre la moindre décision le concernant, je remarque ses yeux suivant ma cigarette. Il doit être en manque. Je ne le pousserais pas à m’en demander une. Inutile d’en rajouter. Mes doigts attrapèrent celle que j’ai au bout des lèvres pour la lui tendre, de la même manière que j’avais pu lui proposer la bière un peu plus tôt alors que ma main s’emparait à nouveau de mon paquet pour m’en rallumer une.

    « Tu veux une bière ? Un truc à boire ? »

    Je me tiens prêt à me relever si il en veut. Peu importe ce qu’il voudra, je le lui apporterais. Et en attendant, je tirais à nouveau sur ma cigarette, soupirant en relâchant la fumée.

    « J’suis désolé de t’avoir fait subir ça tu sais. C’est un sort que je ne souhaite à personne. Cette soif de sang, cette bestialité, l’immortalité et toutes ses conneries... »

    A nouveau, je jetais ma cendre avant de reprendre.

    « J’ai... J’ai juste... Pas pu te laisser crever. Pas comme ça. Pas à cause d’enflures qui t’ont tabassé pour je ne sais quelle raison. Je savais que si j’appelais les secours, ils arriveraient trop tard. Je savais que j’étais le seul à pouvoir te sauver. J’espère qu’un jour tu me le pardonneras. »
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    Blood in my eyes ♦ Azeven Empty Re: Blood in my eyes ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 11:24
    Il doit lire dans mes pensées, parce qu’il aborde de lui-même le sort de mes entraves. Ses explications m’agacent, mais pas assez pour me remettre à gronder. Je me sens épuisé par l’avalanche d’émotions et d’informations qui vient de me tomber dessus. J’ai juste envie de me laisser aller maintenant. Alors je détourne mon attention vers la fenêtre. L’ombre d’un aveu traîne dans ses propos. Je retiens mon envie d’en savoir plus. Ce temps finira par arriver. Celui des interrogations et des réponses. Ce soir en revanche, j’en ai déjà beaucoup trop à digérer.

    Je ne réponds pas, et ce n’est que lorsqu’il esquisse un geste vers moi pour me tendre son bâton de nicotine que mes yeux en reviennent à lui. Je fixe un bref instant le bout incandescent. La vision a presque quelque chose de réconfortante. Au moins, ça, ça n’a pas changé. Je remonte vers le bleu de ses iris. Un semblant de sourire effleure le coin de mes lèvres en guise de remerciement. Mes doigts attrapent précautionneusement la cigarette, veillant à ne pas la laisser échapper à ma prise précaire.

    Le poison pénètre dans mes poumons. Je soupire d’aise. Ça chasse l’odeur particulière du sang sur mes papilles et me fait oublier sa présence dans mon estomac. Mon corps semble enfin se détendre, juste avant que sa question suivante ne survienne. Et contre toute attente, ça me fait rire. Un éclat léger et incontrôlé qui agite ma poitrine alors que je recrache un nuage de fumé.

    - Un câlin ? proposé-je en écho à sa proposition.

    Cette fois le mouvement de mes lèvres ressemble plus à un vrai sourire. Chargé de dérision et d’inquiétude, mais sourire malgré tout. Je lui jette un rapide coup d’œil avant de me refocaliser sur ma clope.

    - J’ai assez bu pour aujourd’hui. Si j’avale encore un truc, je crois que je vais me mettre à vomir.

    Je retourne m’enfermer dans un sombre mutisme lorsqu’il reprend la parole. Evoquer les événements de la veille me rembrunie. Mon éternelle rancœur revient me compresser la poitrine. Le message derrière ses mots me laisse pensif et mal à l’aise. Pourquoi est-ce qu’il me raconte tout ça ? Un long silence s’étire dans la pièce, le temps que mes yeux se perdent sur le bout de ma cigarette se métamorphosant peu à peu en cendres.

    - Pourquoi ils ont fait ça à ton avis ? demandé-je froidement en relevant finalement la tête vers lui.

    Je prends le temps de le regarder, lui et sa belle gueule aux traits insaisissables. Ma question n’en est pas vraiment une, puisque je n’attends pas la moindre réponse de sa part. Au bout d’un moment, je retourne tirer sur ma cigarette en fin de vie et ajoute avec indifférence :

    - J’attire ce genre de connards. Faut pas s’en formaliser.

    Je hausse les épaules. C’est sûrement plus facile d’éviter ce genre d’embrouilles lorsqu’on est un vampire. Mais le reste de ses propos m’obsède. Ses excuses et ses explications, c’est juste … que je ne sais pas quoi en faire. Ça lui brûle les lèvres, et moi, ça me brûle le cœur. Je les sens encore flotter dans l’air. Elles m’effleurent et hérissent mon épiderme. C’est grâce à lui si je suis encore là, à dégueuler ma haine sur son tapis. Cette révélation me donne le vertige, tout autant qu’elle fait battre mon palpitant.

    - Et donc tu m’as transformé en …

    Je ne parviens définitivement pas à terminer ma phrase. Un frisson me secoue.

    - C’est définitif, hein ?

    Je m’agite nerveusement sur mon siège. Bien sûr que c’est définitif. Il n’aurait pas un air aussi désolé sinon. Ma bouche s’assèche. Mes mâchoires se contractent, avant que je ne cède à mon tour aux aveux qui pèsent contre mes cordes vocales.

    - Ecoute … Tout ça … c’est … Je suis terrifié, okay ? Tout ce que tu me racontes, c’est beaucoup trop. Ce qui vient de se passer et …

    Ma voix déraille. Mes lèvres se scellent de nouveau. Et quoi ? Quel futur pour moi ? Je n’en avais déjà aucun en étant simplement humain.

    - Qu’est-ce qui va se passer maintenant ?
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    Blood in my eyes ♦ Azeven Empty Re: Blood in my eyes ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 11:25
    Sa voix en écho dans la mienne provoque mon sourire. J’ai bien entendu ? Il a parlé d’un câlin ? Enfin, pour la première fois depuis la nuit dernière, un vrai sourire se meut sur ses lèvres. Ca me fait du bien de le voir, juste quelques secondes, le temps que nos yeux se rencontrent, avant même qu’il ne s’effondre alors qu’il décline finalement ma proposition. Il retourne dans son monde alors que je lui vide mon sac. Je veux qu’il comprenne le fond de ma pensée, qu’il ne se méprenne pas sur mes intentions. Un silence de mort s’ensuit, durant lequel mes yeux restent fixés sur lui, l’observant inlassablement alors qu’il évite mon regard. Je ne sais pas quoi faire pour qu’il se sente mieux. Et lorsqu’il reprend la parole, je reste muet à sa question. Que dire ? Ce regard qu’il me lance... J’ai l’impression que toute la tristesse et l’injustice du monde transparaissait dans ses yeux à cet instant précis. Le jeune homme devant mort traine un passé lourd à porter, tout en lui me donne cet impression. Et de plus en plus lorsqu’il se dévalorise. Son haussement d’épaules est révélateur. Eh bien, mon chat sauvage était décidément bien surprenant.

    A nouveau, il ouvre la bouche, pour lui aussi m’offrir ses aveux. Je comprends alors toute la portée de son mal-être alors qu’il semble à bout de force. Il n’en pouvait tout simplement plus. C’était trop pour lui.

    « Tu as le choix. Soit tu te barres, soit tu restes avec moi. »

    Ma voix se voulait douce alors que mon regard se plantait à nouveau sur son visage. Je jetais mon mégot dans le cendrier, puis mes coudes vinrent prendre à nouveau appui sur mes genoux.

    « Si tu restes, je t’apprendrais tout ce qu’il faut savoir sur ta nouvelle vie. Je t’aiderais à contrôler tes nouveaux pouvoirs et à ne pas trop faire de vague. Je veillerais sur toi, quoi qu’il se passe. »

    Si ma voix restait calme, mes yeux, eux, traduisant le sérieux de mes mots. Je veillerais sur lui, quoi qu’il advienne. C’était mon rôle après tout. C’est ce que j’avais choisi lorsque je lui avais offert sa nouvelle vie.

    « Si tu décides de partir... Il y aura toujours une place pour toi ici. »

    Peu importais sa décision. Ce n’était pas à moi de choisir. Et puis ce n’était pas comme si j’allais réussir à le retenir longtemps. Mon corps se mit en mouvement pour m’approcher de lui doucement. Il fit de même peu de temps après, comme paniqué par le moindre de mes gestes. J’attendis d’être à sa hauteur pour lui sourire avec tendresse.

    « Quoi que tu décides, je vois bien que ça te tétanise mais... Ici tu n’as rien à craindre. »

    Je glissais mes doigts sur sa joue quelques secondes, découvrant la froideur de sa peau si chaude il y a quelques jours.

    « Ne me fais pas regretter mon geste. Je n’ai aucune envie de te faire du mal. »

    Mes mains glissèrent à la rencontre des siennes, jusqu’à attraper ses cordages. Sans le lâcher du regard, je m’appliquais à les défaire méthodiquement, espérant ne pas faire une énorme erreur en lui accordant ma confiance. C’était quitte ou double. Enfin, la corde atteint le sol, le libérant de ses entraves.

    « Et maintenant, tu le veux ce câlin ? »
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    Blood in my eyes ♦ Azeven Empty Re: Blood in my eyes ♦ Azeven

    Mer 6 Nov - 11:26
    Un réflexe que je ne contrôle pas me fait mettre sur pied à l'instant où il se lève. La précipitation du geste me fait perdre mon mégot en m'y brûlant les doigts. Une méfiance sournoise se glisse en moi alors qu'il brise la distance qui nous sépare sans crier gare. Je soutiens franchement son regard, alors qu'il plonge à nouveau d'une intensité saisissante au fond du mien. Ses promesses sonnent étrangement à mes oreilles, tout comme son geste pour effleurer mon visage. Mon instinct, bien humain celui-là, me pousse à douter de l'idée qui se trame derrière. Mes sourcils se froncent sous la suspicion. Rester ici ou me casser de là. La proposition semble bien trop belle pour être honnête.

    Pourtant ses mains glissent autour des miennes pour me défaire de mes liens. Mes traits se détendent sous la surprise lorsque l'étau sévère qui me maintenait à sa solde jusqu'alors disparaît. Je baisse les yeux sur la corde qui gît devant nos pieds. Le souffle léger du vampire vient caresser mes cheveux. Mais c'est finalement sa question teintée d'amusement qui me fait prendre conscience de sa proximité.

    Mon attention retrouve vivement la profondeur de ses yeux. Je n'arrive pas à déterminer précisément à quel point il est sérieux. Toutefois je ne résiste pas à l'envie d'afficher un sourire torve et provocant.

    - Je savais bien que t'étais un sacré pervers.

    Mes doigts glissent sur ma peau meurtrie par les entraves. Ne plus me sentir contraint et relié à un état de captivité me soulage. Il ne m'en faut pas plus pour reprendre de l'aplomb. Je vais forcément me démerder pour trouver une solution. C'est toujours comme ça que ça a fonctionné jusqu'à présent.

    - J'ai pas peur de toi, cillé-je calmement sans chercher à défaire cette promiscuité.

    Si le cinglé avait voulu me tuer, ça aurait été le cas il y a bien longtemps déjà. Son offre se répète en boucle à mes oreilles. Il y a un ton que je ne supporte pas dans son beau discours. Ses élans de protection et ses tentatives pour me rassurer. Ce comportement allume toutes les alarmes e veille sous mon crâne. Ceci, combiné à la porte de sortie vers la liberté qui semble s'illuminer au loin …

    - Mais je me barre.

    La décision tombe comme une pierre au milieu d'un lac. Je lâche ça sans cesser de le fixer avec une pointe de défiance. Est-ce qu'il va vraiment respecter sa parole et me laisser disparaître en un claquement de doigt ? Les muscles de ma mâchoire se contractent brièvement, guettant les premiers signes de sa réaction sur son faciès. Il me tarde de m'en aller, de m'enfermer chez moi et de me foutre la gueule en l'air avec mes vieux fonds de bouteilles.

    Il me tarde d'oublier.
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